Dans la nuit de mercredi à jeudi, l'Association nationale catalane (ANC), une des principales associations indépendantistes, a appelé les milliers de manifestants ayant envahi le centre de Barcelone à rentrer chez eux pour reprendre des forces... en vue d'un nouveau rassemblement.
Rendez-vous a été pris à 12H00 jeudi (10H00 GMT) devant la Cour d'appel de Catalogne pour une nouvelle étape de "mobilisation permanente".
Les manifestants ont scandé tout au long de la journée, mercredi 20 septembre, des slogans réclamant le droit de "voter" et dénonçant les "forces d'occupation".
"Renoncez une fois pour toutes à cette escalade de radicalité et de désobéissance", a demandé dans la soirée le chef du gouvernement Mariano Rajoy, lors d'une brève allocution télévisée.
Mariano Rajoy, au pouvoir depuis fin 2011, a tenté de contester les arguments des séparatistes décidés à organiser le 1er octobre un référendum d'autodétermination interdit par la Cour constitutionnelle.
"Voter est bien l'image exprimant le plus clairement... la démocratie", a déclaré M. Rajoy. "Mais pas pour violer la loi", a-t-il ajouté.
"Le chemin jusqu'au 1er octobre est plein de mobilisations", a semblé lui répondre le président de l'organisation indépendantiste Omnium, Jordi Cuixart.
"Si tout au long de l'histoire tout le monde avait respecté la légalité du moment et bien, nous en serions encore à l'époque de Cro-Magnon", commentait dans la nuit Martí Rodríguez, un sociologue de 30 ans venu manifester aux abords de la vice-présidence de la Catalogne à Barcelone, la deuxième ville du pays.
Pendant ce temps à Madrid, le Parti socialiste, premier parti d'opposition, a apporté son soutien aux conservateurs au pouvoir pour défendre l'Etat de droit, tout comme les centristes de Ciudadanos, parti né en Catalogne notamment pour lutter contre les séparatistes.
Les formations de gauche radicale Podemos et Izquierda unida ont pour leur part convoqué une manifestation à Madrid au nom de la "fraternité et la cohabitation" avec cette région à la langue et la culture propres de 7,5 millions d'habitants.
Le Parti populaire de Mariano Rajoy porte atteinte aux "droits civils des Catalans et de tous les Espagnols", a dénoncé Pablo Echenique, un des dirigeants de Podemos.
Les grands quotidiens madrilènes, notamment El Pais et El Mundo, assurent que l'organisation logistique du référendum a essuyé un coup fatal.
Les forces de l'ordre ont mené mercredi plus d'une vingtaine de perquisitions et saisi près de dix millions de bulletins de vote. Mardi, elles avaient aussi trouvé près de 45.000 convocations destinées aux assesseurs des bureaux de vote. Le Parquet a aussi convoqué des dizaines de maires qui s'étaient dits prêts à participer.
Les dirigeants séparatistes catalans "savent que ce référendum ne peut plus se célébrer", a affirmé Mariano Rajoy. "Ce n'est plus qu'une chimère".
Les forces de l'ordre n'ont cependant pas encore mis la main sur les urnes.
Et l'incertitude demeure sur "les conséquences politiques et sociales", des événements, comme l'a souligné le quotidien El Mundo.
"L'affirmation de l'autorité de l'Etat sans alternative politique", pourrait avoir des "conséquences catastrophiques", a craint de son côté l'éditorialiste du quotidien catalan La Vanguardia Enric Juliana.
Le président régional catalan Carles Puigdemont a accusé mercredi le gouvernement d'avoir instauré de facto un "état d'urgence" en Catalogne, dénonçant la mise sous tutelle de ses dépenses par l'Etat.
Les séparatistes sont majoritaires -en sièges- au Parlement régional depuis septembre 2015.
Mais les Catalans sont partagés presque à parts égales sur l'indépendantisme. Celui-ci a gagné du terrain avec la crise économique et l'annulation partielle en 2010 d'un statut d'autonomie qui leur accordait de larges compétences.
En revanche, plus de 70% souhaitent pouvoir s'exprimer à travers un référendum en bonne et due forme. Le gouvernement s'y refuse, soulignant que la Constitution ne le permet pas.