Le ministre de la Défense, José Múcio, a officialisé samedi soir le départ de Julio César de Arruda, qui dirigeait l'armée de terre par intérim depuis le 30 décembre, soit deux jours avant la fin du mandat du président d'extrême droite Jair Bolsonaro. Il y avait été confirmé début janvier par la nouvelle administration de Lula.
«Après les derniers épisodes (...) du 8 janvier, il y a eu une rupture de confiance», a déclaré M. Múcio au palais présidentiel de Planalto.
Il sera remplacé par le général Tomas Ribeiro Paiva, 62 ans, commandant militaire du sud-est depuis 2021, selon des sources à la présidence.
Le général Ribeiro Paiva, qui a commencé sa carrière militaire en 1975, a notamment participé à la mission de l'armée brésilienne en Haïti, commandé le bataillon de la garde présidentielle et travaillé comme auxiliaire à la présidence à Brasilia sous le mandat de Fernando Henrique Cardoso.
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Mercredi, il avait déclaré dans un discours public remarqué que l'armée continuerait «à garantir la démocratie» et qu'il fallait «respecter le résultat des urnes».
La relation avec les forces armées est l'un des plus grands défis immédiats de Lula, selon les analystes qui soulignent l'importante présence de militaires au sein de l'administration précédente.
Vendredi, Lula avait rencontré pour la première fois les trois chefs des armées. Le ministre de la Défense, José Mucio, avait alors assuré qu'il n'y avait pas eu d'«implication directe» de l'armée dans les émeutes à Brasilia.
Lula avait reçu le soutien entier de la communauté internationale après l'assaut et le saccage le 8 janvier des lieux de pouvoir à Brasilia par des bolsonaristes refusant la défaite et le remplacement de leur champion.
Dimanche, Lula se rend en Argentine, conformément à la tradition qui veut que la première sortie d'un président brésilien soit réservée à son grand voisin.
Lula y retrouvera un fidèle allié et ami, le président Alberto Fernandez, mais aussi ses homologues d'une région où la gauche est revenue au pouvoir, en participant à un sommet de la Communauté d'Etats latino-américains et caraïbes (Celac).
«Vague rose»«Le Brésil est de retour!» avait lancé Lula au soir de sa victoire le 30 octobre face à Jair Bolsonaro, dont les quatre années de mandat ont été marquées par un grand isolement international.
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L'Amérique latine est donc la première étape de cette normalisation, avant la venue du premier dirigeant européen à Brasilia, le chancelier allemand Olaf Scholz, le 30 janvier, puis une visite de Lula au président américain Joe Biden, à Washington, le 10 février.
La priorité de Lula est de «renouer les liens avec l'Amérique latine, une région essentielle pour le Brésil mais reléguée au second plan» par M. Bolsonaro, explique à l'AFP Joao Daniel Almeida, spécialiste des relations extérieures à l'Université pontificale de Rio.
Lula s'entretiendra avec M. Fernandez lundi à Buenos Aires.
L'Argentine est «un partenaire très important» du Brésil, a souligné le vice-président de Lula, Geraldo Alckmin. C'est le troisième client des exportations brésiliennes, qui ont dépassé les 15 milliards de dollars l'an dernier.
Les discussions devraient notamment porter sur le commerce, les sciences, la technologie et la défense, a précisé le ministère brésilien des Affaires étrangères.
Lula pourrait également rencontrer mardi à Buenos Aires ses homologues cubain Miguel Diaz-Canel et vénézuélien Nicolas Maduro, avec lequel Brasilia vient de renouer. Le Brésil de M. Bolsonaro avait fait partie de la cinquantaine de pays ayant reconnu le principal opposant du président socialiste, Juan Guaido, comme «président intérimaire» du Venezuela.
Lula doit ensuite se rendre en Uruguay pour une rencontre avec le président de centre-droit Luis Lacalle Pou.
A Buenos Aires, il participera au VIIe sommet de la Communauté d'Etats latino-américains et caraïbes (Celac), qui regroupe 33 Etats de la région. Lula avait été à la fin du dernier de ses deux mandats (2003-2010) l'un des fondateurs de cet organisme, lors de la première «vague rose» sur le continent.
Jair Bolsonaro avait suspendu la participation du Brésil à la Celac, accusée de «donner de l'importance à des régimes non-démocratiques comme le Venezuela, Cuba ou le Nicaragua».
De même, il n'avait pas fréquenté l'Argentine, la Bolivie, le Chili et la Colombie où la gauche était arrivée au pouvoir.
Lula a aussi exprimé cette semaine son intérêt pour «une politique continentale» de préservation de l'Amazonie, un dossier sur lequel il est attendu de pied ferme après la déforestation record de l'ère Bolsonaro.