Bengladesh: confrontations mortelles autour de la liberté de conscience

Manifestation à la suite du meurtre d'un blogueur et banquier libre-penseur à Sylhet (Bengladesh).

Manifestation à la suite du meurtre d'un blogueur et banquier libre-penseur à Sylhet (Bengladesh). . DR

Des défenseurs de la libre-pensée ont manifesté mercredi 13 mai au Bengladesh pour réclamer justice après le meurtre d'un énième blogueur partisan de la libre-pensée. Un meurtre qui s’inscrit dans un contexte de montée de l’extrémisme politico-religieux.

Le 15/05/2015 à 04h11

La liberté de conscience est au cœur de confrontations au Bengladesh. Des militants défenseurs de la libre-pensée ont manifesté le 13 mai à Sylhet (nord-est du pays) pour réclamer justice après le nouveau meurtre la veille d'un blogueur, le troisième depuis février. Ces manifestants, principalement des étudiants, ont défilé pacifiquement dans cette ville, accusant le gouvernement de ne pas protéger les libres-penseurs.

Pour rappel, Ananta Bijoy Das, banquier de 33 ans, éditeur et blogueur, a été tué la veille en se rendant à son travail à Sylhet. Selon d'autres auteurs, ce meutre met en lumière la culture d'impunité qui règne dans le pays.

«Ce meurtre ne nous fera pas taire», ont clamé les manifestants, qui ont marché sur une grande artère de la ville avant de se rendre à l'université, bastion des idées laïques.

Les meneurs des manifestants demandent justice pour Ananta et les autres blogueurs assassinés par des militants islamistes. Das est le troisième blogueur tué depuis février dans ce pays où 90 % des habitants sont de confession musulmane. Le blogueur américain d'origine bangladeshie, Avijit Roy, avait été tué à coups de machette en février à Dacca, puis un autre blogueur, Washiqur Rahman, avait été assassiné dans des conditions similaires en mars dans la capitale.

L'ONG américaine Human Rights Watch a estimé que ces meurtres montrent une montée «alarmante» de «l'intolérance envers la liberté religieuse et la liberté d'expression» au Bangladesh.

Les violences provoquées par des musulmans fondamentalistes sont en hausse depuis quelques années au Bangladesh, et le plus important groupe islamiste du pays, Bangladesh Jamaat-e-Islami, qui n’est pas autorisé à se présenter aux élections, est soupçonné d’être derrière une vague d’attentats à la bombe visant à déstabiliser le gouvernement.

Par Khalid Mesfioui
Le 15/05/2015 à 04h11