Avec la guerre en Ukraine, Pyongyang se rapproche de Moscou au détriment de Pékin

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un (à droite) rencontrant le ministre russe des ressources naturelles et de l'écologie Alexander Kozlov au siège du Comité central du Parti communiste à Pyongyang le 18 novembre 2024.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un (à droite) rencontrant le ministre russe des ressources naturelles et de l'écologie Alexander Kozlov au siège du Comité central du Parti communiste à Pyongyang le 18 novembre 2024.

Depuis la signature d’un pacte de défense mutuelle en juin, les relations entre Pyongyang et Moscou se renforcent: Kim Jong Un a reçu lundi le ministre russe des Ressources naturelles, au moment où la Corée du Nord est accusée d’envoyer des soldats en Russie pour combattre les troupes ukrainiennes.

Le 19/11/2024 à 06h53

Lors de sa rencontre avec le ministre russe Alexandre Kozlov, le dirigeant nord-coréen a appelé à «promouvoir davantage les échanges commerciaux, économiques, scientifiques et technologiques intergouvernementaux», selon l’agence officielle du régime KCNA.

La réunion a eu lieu le jour même de l’arrivée d’une délégation d’une académie militaire russe à Pyongyang, toujours selon KCNA, qui n’a cependant pas fourni plus de détails.

Les deux pays viennent de ratifier le traité de défense mutuelle conclu au cours d’une rare visite de Vladimir Poutine à Pyongyang en juin, et qui prévoit notamment «une aide militaire immédiate» et «une assistance mutuelle en cas d’agression contre une partie au traité».

Les Etats-Unis et la Corée du Sud ont accusé la Corée du Nord d’avoir envoyé plus de 10.000 soldats en Russie pour soutenir son effort de guerre en Ukraine.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a assuré le 7 novembre que des troupes nord-coréennes avaient «pris part aux hostilités» et subi des «pertes» dans la région russe de Koursk, frontalière de l’Ukraine.

Le soutien militaire nord-coréen à la Russie a été cité, notamment par le président français Emmanuel Macron, comme contribuant au feu vert américain à l’utilisation par Kiev des missiles à longue portée en Russie.

«Pyongyang et Moscou vont revendiquer la légitimité du déploiement de l’armée nord-coréenne en Russie et affirmer que cette action est justifiée par le traité ratifié entre les deux parties», anticipe Hong Min, de l’Institut pour l’unification nationale, établi en Corée du Sud, «même si leur traité n’annule pas les résolutions de l’ONU interdisant une telle coopération».

Selon l’expert, les ratifications du traité font entrevoir «des déploiement supplémentaires et potentiellement plus importants» de soldats nord-coréens en Russie.

Aide technologique

Selon des analystes, la participation nord-coréenne à l’effort de guerre russe a mis mal à l’aise Pékin, principal allié et partenaire commercial de Pyongyang, quant à ses implications en matière de sécurité, même si la Chine et la Russie ont renforcé leurs liens diplomatiques, économiques et de défense ces dernières années, en faisant cas de l’amitié personnelle entre Xi Jinping et Vladimir Poutine.

Lors du sommet du G20 à Rio au Brésil lundi, Pékin est resté muet sur ce dossier, bien que Xi Jinping ait déclaré la semaine dernière à Joe Biden que la Chine protégerait ses «intérêts fondamentaux» dans la péninsule.

La Russie pourrait en outre permettre à la Corée du Nord d’accéder à ses vastes ressources naturelles telles que le pétrole et le gaz.

Les Occidentaux craignent que la Russie n’envoie à Pyongyang, en échange de son soutien, une aide technologique qui pourrait contribuer au développement de son programme nucléaire.

La ministre nord-coréenne des Affaires étrangères, Choe Son Hui, s’est récemment rendue à Moscou et a déclaré que son pays «soutiendrait fermement» ses «camarades russes jusqu’au jour de la victoire».

Elle a qualifié l’offensive russe contre l’Ukraine de «lutte sacrée» et a déclaré que Pyongyang croyait en la «sage direction» de Vladimir Poutine.

Interrogé publiquement sur le déploiement des troupes nord-coréennes le mois dernier, le chef d’Etat russe n’a pas démenti, mais a préféré détourner sa réponse à la question par une critique du soutien occidental à l’Ukraine.

Par Le360 (avec AFP)
Le 19/11/2024 à 06h53