Salah Abdeslam parlera-t-il un jour? Le seul membre encore en vie des commandos djihadistes du 13 novembre 2015 a été arrêté il y a plus d'un an près de Bruxelles. Depuis, rien ou presque n'a filtré de ses échanges avec les enquêteurs. Et pour cause, l'homme reste muet. Il a de nouveau refusé de répondre aux questions du juge antiterroriste lundi matin, lors de son quatrième interrogatoire depuis sa mise en examen.
De nouveau convoqué par le juge d'instruction, le suspect-clé des attentats qui ont fait 130 morts à Paris et à Saint-Denis «a été extrait ce matin (lundi) de sa prison» pour être entendu au palais de justice de Paris, et «il est resté complètement mutique pendant son interrogatoire», selon une source judiciaire.
Salah Abdeslam, 27 ans, détenu le plus surveillé de France à Fleury-Mérogis, au sud de Paris, a toujours refusé de parler aux juges depuis son transfert de Belgique vers la France et sa mise en examen, le 27 avril 2016, pour assassinats terroristes. Après avoir gardé le silence lors d'un bref interrogatoire en mai 2016, il avait refusé d'être extrait de sa cellule en juillet puis avait écouté en silence les quelque 150 questions du juge Christophe Tessier en septembre, selon une source proche du dossier.
Ses avocats abandonnentMi-octobre, ses avocats Frank Berton et Sven Mary avaient renoncé à le défendre, ayant «la conviction qu'il ne s'exprimera(it) pas». De nouveau convoqué en novembre, Salah Abdeslam s'était encore muré dans le silence. Des zones d'ombre entourent encore son rôle exact le soir du 13 novembre 2015 et durant les mois qui ont précédé les attentats parisiens.
Les investigations montrent qu'il a déposé les trois kamikazes qui se sont fait exploser à proximité du Stade de France, au nord de Paris, le soir des attaques, avant d'abandonner une ceinture explosive, laissant penser qu'il devait lui aussi mener une attaque-suicide.
Proche du Belgo-Marocain Abdelhamid Abaaoud, organisateur présumé des attaques, il a aussi eu un rôle de logisticien, louant des véhicules et des planques en région parisienne. Il est également soupçonné d'avoir convoyé à travers l'Europe dix djihadistes venus des zones de combat irako-syriennes et, pour la plupart, soupçonnés d'être impliqués dans les tueries de Paris et de Bruxelles du 22 mars 2016 (32 morts), selon des éléments de l'enquête.
Il avait été arrêté le 18 mars dans la commune bruxelloise de Molenbeek après quatre mois de cavale. Salah Abdeslam est détenu à l'isolement dans la prison de Fleury-Mérogis depuis le 27 avril 2016 et placé sous vidéosurveillance 24 heures sur 24.