Attaque au Louvre: les enquêteurs sur la piste d'un Egyptien

Des policiers devant le Louvre le 3 février 2017. 

Des policiers devant le Louvre le 3 février 2017.  . DR

Alors que le musée du Louvre s'apprête à rouvrir ses portes ce samedi 4 février à Paris, 24 heures après l'attaque à la machette contre des militaires, l'enquête se poursuit et mène vers un Egyptien de 29 ans, arrivé en France il y a une semaine avec un visa touristique.

Le 04/02/2017 à 07h57

Son identité n'a pas encore été "formellement établie", a fait savoir vendredi soir le procureur de Paris, François Molins. Mais les investigations menées sur son téléphone portable, sur les fichiers de visas européens et lors d'une perquisition dans un appartement du très chic 8e arrondissement de Paris mènent à un homme entré légalement en France le 26 janvier par un vol en provenance de Dubaï.

"Ces recherches ont permis de cibler un individu âgé de 29 ans et de nationalité égyptienne. La photographie enregistrée sur (le fichier) Visa Bio correspond à celle de l'auteur de l'attaque", a déclaré M. Molins.

Les investigations devront encore "déterminer les motivations de l'auteur et découvrir s'il a agi seul, spontanément, ou au contraire sur instruction", a dit François Molins.

Il s'agit d'"un acte dont le caractère terroriste ne fait guère de doute", a affirmé un peu plus tôt le président François Hollande.

Les enquêteurs s'interrogent également sur des tweets postés en arabe sur un compte au nom de l'Egyptien identifié, Abdallah El Hamahmy. Une dizaine de messages ont été postés entre 08H27 GMT et 08H34 GMT, quelques minutes avant l'attaque.

On peut notamment lire "Au nom d'Allah (...) pour nos frères en Syrie et les combattants" et, une minute plus tard, un tweet faisant référence au groupe jihadiste Etat islamique.

L'enquête a permis de retracer son parcours à Paris, où il est arrivé avec un visa touristique le 26 janvier. Il a loué une voiture le lendemain puis acheté le 28 janvier en liquide deux machettes "de 40 centimètres chacune" dans une armurerie.

C'est avec ces deux machettes qu'il a attaqué vendredi vers 08H50 GMT quatre militaires à l'entrée de la très touristique galerie du Carrousel du Louvre donnant accès au musée le plus fréquenté du monde, "dans une zone en amont du point de contrôle des sacs", a précisé le procureur de Paris.

Vêtu d'un T-shirt noir à tête de mort et "armé d'une machette dans chaque main, bras levés et pliés derrière la tête", "il s'est précipité sur eux en criant +Allah Akbar+" et a "frappé à la tête un premier militaire".

Après avoir tenté de repousser l'assaillant une première fois sans user de son arme, un deuxième soldat a ouvert le feu, à quatre reprises, le blessant "très grièvement". L'individu était également porteur d'un sac à dos, "contenant des bombes aérosol de peinture".

Le suspect a été grièvement blessé au ventre par un tir d'un des soldats et hospitalisé. Son pronostic vital était "très engagé", a précisé le procureur de Paris vendredi soir. Son état était "stabilisé", a ensuite précisé une source proche du dossier.

Le soldat, blessé légèrement au cuir chevelu, a été pris en charge dans un hôpital militaire. "Il va bien", a affirmé le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian.

Environ 1.200 personnes se trouvant dans le musée ou la galerie commerciale ont été confinées durant plusieurs heures, le temps que les démineurs s'assurent notamment que les sacs à dos de l'assaillant ne contenaient pas d'explosifs.

Le musée rouvrira ses portes samedi à 09H00 GMT.

Le gouvernement des Emirats arabes unis a condamné ce "crime odieux" et assuré la France de "sa pleine solidarité" en se tenant "à ses côtés dans les mesures qu'elle entreprend pour préserver sa sécurité".

La France a été frappée en 2015 et 2016 par une série d'attentats jihadistes qui ont fait 238 morts et des centaines de blessés. Plusieurs de ces attaques ont visé des militaires ou des policiers.

L'attaque du Louvre intervient deux ans jour pour jour après l'attaque au couteau de trois militaires en faction devant un centre communautaire juif de Nice, par un homme qui avait été aussitôt arrêté.

"Porter un uniforme, (...) c'est être une cible", a rappelé le ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux.

Le groupe jihadiste Etat islamique, qui perd du terrain en Irak et en Syrie où il a proclamé un califat en 2014, continue de menacer la France de représailles pour sa participation à la coalition militaire internationale dans ces deux pays.

La France est placée sous le régime exceptionnel de l'état d'urgence.

Le 04/02/2017 à 07h57