Assassinat de Kim Jong-Nam: deux femmes inculpées en Malaisie

L'entrée du bâtiment de la morgue de Kuala Lumpur où repose le corps de Kim Jong-Nam. 

L'entrée du bâtiment de la morgue de Kuala Lumpur où repose le corps de Kim Jong-Nam.  . DR

Deux femmes ont été inculpées mercredi par la justice malaisienne pour l'assassinat de Kim Jong-Nam, le demi-frère tombé en disgrâce du dirigeant nord-coréen, empoisonné à l'aéroport de Kuala Lumpur selon un scenario digne d'un roman d'espionnage.

Le 01/03/2017 à 09h57

Siti Aisyah, une Indonésienne de 25 ans, et Doan Thi Huong, une Vietnamienne de 28 ans, ont chacune été inculpées pour l'assassinat de Kim Jong-Nam, mort le 13 février après s'être vu administrer un puissant agent neurotoxique.

Les deux suspectes, menottées et vêtues de T-shirts, sont arrivées au tribunal sous bonne escorte. Elles semblaient calmes pendant qu'on leur signifiait leur inculpation. En cas de condamnation, elles encourent la peine de mort.

Les enquêteurs les accusent d'avoir porté du VX, agent neurotoxique classé comme arme de destruction massive, au visage du frère du numéro un nord-coréen Kim Jong-Un.

Des images de video-surveillance ont montré Kim Jong-Nam approché de dos par deux femmes dont l'une lui projette apparemment quelque chose au visage. La victime avait ensuite été conduite à la clinique de l'aéroport avant de succomber pendant son transfert à l'hôpital.

Le VX est une version plus mortelle du gaz sarin, indolore, inodore et hautement toxique. D'après les autorités malaisiennes, Kim Jong-Nam a succombé à une mort rapide, en moins de 20 minutes, probablement "très douloureuse".

Les deux femmes affirment avoir été dupées et avoir cru participer à un vidéo gag. La police malaisienne assure qu'elles savaient ce qu'elles faisaient.

L'audience devant le tribunal, situé dans la banlieue de Kuala Lumpur, a duré moins de 20 minutes. Une centaine de policiers lourdement armés et portant des cagoules gardaient les entrées.

Le tribunal n'a demandé à aucune des suspectes comment elles comptait plaider et leur procès ne devrait pas commencer avant plusieurs mois. Toutefois, l'avocat de Mme Huong, S. Selvan, a déclaré que sa cliente avait déclaré en vietnamien à la cour: "Je ne suis pas coupable".

L'ambassadeur d'Indonésie par intérim Andreano Erwin a lui expliqué que Mme Siti était "calme". "Nous lui avons dit de prendre soin de sa santé car le processus judiciaire va être long".

Un Nord-Coréen est également en détention dans cette histoire. La police veut entendre sept autres Nord-Coréens --dont un diplomate de l'ambassade de Corée du Nord à Kuala Lumpur--, mais quatre des suspects ont fui la Malaisie le jour de l'assassinat.

Depuis le début de cette affaire aux relents de Guerre froide, la Corée du Sud pointe un doigt accusateur sur son voisin du Nord, citant un "ordre permanent" de Kim Jong-Un pour éliminer son demi-frère, critique envers le régime parmi les plus hermétiques au monde.

Pyongyang a dépêché en Malaisie un haut diplomate pour tenter de récupérer le corps de Kim Jong-Nam, dont elle n'a toujours pas cité le nom.

La Corée du Nord a tiré à boulets rouges à plusieurs reprises sur Kuala Lumpur, l'accusant d'arrières-pensées politiques et de comportement illégal. De même les autorités nord-coréennes n'ont pas accepté les conclusions de l'autopsie.

La Malaisie insiste sur le fait que le corps restera à la morgue tant qu'un membre de la famille ne se présentera pas afin de permettre une identification formelle par comparaison ADN.

Le 01/03/2017 à 09h57