«Fernando Botero, le peintre de nos traditions et de nos défauts, le peintre de nos vertus, est mort», a annoncé vendredi sur le réseau X (ex-Twitter) le président colombien Gustavo Petro.
Selon sa fille Lina, Fernando Botero, né en 1932 à Medellin, dans le centre de la Colombie, est décédé à Monaco, où il résidait, à 09H00 locales (07H00 GMT). Son état de santé s’était dégradé ces derniers jours, et il est mort des suites «d’une pneumonie».
«Il est le plus colombien des Colombiens parce qu’il portait la Colombie dans son cœur en permanence. Non seulement parce qu’il se tenait au courant de l’actualité colombienne, sensible aux besoins et aux domaines dans lesquels il pouvait apporter son aide, mais aussi parce que la Colombie et ses souvenirs ont nourri son œuvre artistique», a-t-elle déclaré.
«Il a continué à peindre jusqu’à la fin et encore samedi», a-t-elle ajouté, précisant que son père «souffrait de la maladie de Parkinson depuis plusieurs années», qui ne lui apportait pas «de tremblements» mais «il lui était difficile de marcher, de communiquer et d’avaler».
Dés vendredi matin à Bogota, des badauds se sont rassemblés devant l’une des œuvres du maître, l’imposant Homme à cheval, à l’entrée d’un parc proche du centre historique de la capitale, a constaté un photographe de l’AFP.
Les visiteurs se pressaient également avec un intérêt redoublé devant les œuvres exposées au Musée Botero, à deux pas de la place de la Candelaria, dans une bâtisse coloniale espagnole abritant une centaine de ses œuvres.
Medellin en deuil
La presse colombienne saluait vendredi à l’unisson «le plus grand artiste colombien de tous les temps», l’artiste «universel» ou planétaire, et sa ville natale de Medellin a décrété sept jours de deuil pour «rendre hommage au maître (...) après une vie pleine d’œuvres et un héritage qui restera à jamais dans le cœur de tous les habitants» de la ville, a indiqué son maire Daniel Quintero.
«Nous regrettons profondément la mort du maestro Botero, un grand homme d’art, de culture, mais aussi un grand homme en raison de son amour pour Medellin, de son amour pour la Colombie, de son amour pour l’Amérique latine. Son œuvre, sa vie, son héritage resteront dans cette ville qu’il aimait tant et dans laquelle il a laissé tant d’œuvres», a ajouté l’édile.
Divers hommages, avec fleurs et musique, auront lieu ce jour-même sur la place Botero, où sont exposées 23 sculptures offertes par l’artiste à la ville en 2002, et qui sont admirées par des milliers de touristes chaque année.
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Selon le service culturel de la municipalité, «il y aura également un mur où le public aura la possibilité d’écrire différents messages à l’artiste».
«Medellin s’habillera également en différents endroits du visage de Fernando Botero», tandis que la ville proposera «des conférences, des lectures et des actions visant à commémorer et à exalter la vie et l’œuvre» du sculpteur.
Toujours selon la municipalité, la dépouille «du Maestro sera inhumé à Pietrasanta, en Italie, à côté de celle de son épouse Sophia Vari, sculptrice grecque décédée le 5 mai dernier» après 48 ans de vie commune. Un départ qui lui avait provoqué «une tristesse infinie» selon sa fille.
Hommes politiques, de culture, médias... Partout en Colombie, c’était une pluie d’hommages pour l’artiste auteur de plus de 3.000 tableaux et 300 sculptures.
Pas «gros»
«Nous regrettons profondément le départ de Fernando Botero, l’un des plus grands artistes de Colombie et du monde. Il a toujours été généreux envers son pays, un grand ami et un bâtisseur de paix passionné», a déclaré sur le réseau X l’ex-président et prix Nobel de la Paix Juan Manuel Santos (2010-2018).
Issu d’un milieu modeste, il s’initie à l’art très tôt et après une première exposition individuelle à Bogota dans les années 1950, il part pour l’Europe, séjournant en Espagne, France et Italie où il découvre l’art classique.
Sa carrière décolle dans les années 1970 à New York, où il commence à être contacté par les plus grands marchands d’art. Les dimensions hors du commun deviendront sa marque de fabrique.
Pour l’artiste, le qualificatif de «gros» ne convenait pas à ses personnages. Amoureux de la Renaissance italienne, il se disait «défenseur du volume» en art moderne. Sa sculpture, également marquée par le gigantisme, a occupé une place très importante dans sa carrière.
Fernando Botero a aussi été un grand mécène, avec des donations estimées à plus de 200 millions de dollars. Il a donné aux musées de Medellin et de Bogota nombre de ses œuvres, et des dizaines de tableaux de sa collection privée, dont des Picasso, Monet, Renoir, Miro...
Ses œuvres sont aussi visibles en plein air dans de nombreuses villes du monde, l’artiste estimant que les expositions dans les espaces publics sont un «rapprochement révolutionnaire» de l’art avec le public.