Le candidat de l'opposition libérale Mauricio Macri est le nouveau président de l’Argentine. Il a été élu dimanche en remportant le second tour avec 51,5% des voix, face à son rival péroniste de centre gauche, Daniel Scioli, qui était soutenu par la présidente sortante Cristina Fernandez. Après le dépouillement de 91% des bulletins de vote, le maire de Buenos Aires Mauricio Macri, 56 ans, totalise 52,11% des voix, contre 47,89% à son adversaire Daniel Scioli, candidat de la coalition de gauche au pouvoir, qui a admis sa défaite.
La présidente de gauche, Cristina Kirchner, à la tête du pays depuis 2007 après avoir succédé à son mari, ne pouvait pas se présenter pour un troisième mandat consécutif, selon la Constitution. Aussitôt après l'annonce des premiers résultats, une explosion de joie a retenti parmi les partisans du maire de Buenos Aires, réunis au quartier général de la coalition Cambiemos (Changeons, ndlr).
"Nous sommes sugmergés d'émotions. Merci. Merci d'avoir cru que nous pouvions construire l'Argentine dont nous rêvons. Je suis là car vous l'avez décidé", a lancé le président-élu aux milliers de militants. Il a appelé à remiser les rancoeurs après douze ans de Kirchnérisme. "C'est un jour historique, c'est un changement d'époque qui va être merveilleux", "sans revanche ni règlements de comptes", a assuré Mauricio Macri.
"Avec votre vote, vous avez rendu possible l'impossible", a-t-il dit sous les ovations, avant d'improviser quelques pas de danse, au son de la musique latine qui retentissait dans une ambiance de fête. "On n'oubliera jamais cette soirée", a déclaré Maria Eugenia Vidal, 42 ans, élue à la surprise générale le 25 octobre gouverneur de la province de Buenos Aires, la plus peuplée du pays, rassemblant 16 des 41 millions d'Argentins, succédant à Daniel Scioli.
"Macri l'outsider"
Outsider de cette élection, Mauricio Macri a bâti une coalition victorieuse autour du parti de droite qu'il a fondé, le PRO, en associant notamment les radicaux de l'UCR (centre-gauche), un parti historique diminué qui a offert à Cambiemos son réseau national. "C'est une journée historique qui va changer notre vie", avait-il déclaré dimanche matin, avant de voter dans une école de la capitale. Cet ancien président du club de football de Boca Juniors, le plus prestigieux d'Argentine, promet une rupture avec la politique économique protectionniste menée par les gouvernements de Nestor (2003-2007) et Cristina Kirchner.
Le nouveau président, élu pour un mandat de quatre ans reconductible, aura pour principale mission de redresser l'économie, au bord de la récession, après dix ans de forte croissance. Les économistes de Cambiemos préconisent un assouplissement ou une suppression du contrôle de l'accès aux devises étrangères, de la limitation des importations ou des barrières douanières, comptent rompre avec la surévaluation du peso argentin et régler le conflit sur la dette avec des "fonds vautours".
Macri est le fils d'un puissant homme d'affaires italien qui a fait fortune en Argentine. Né dans la ville de Tandil, à 400 km de Buenos Aires, il a grandi dans la capitale. Après des études d'ingénieur à l'Université catholique de Buenos Aires, il a dirigé des entreprises du Groupe Macri, créé par son père.
Daniel Scioli, 58 ans, soutenu par la coalition de gauche de la présidente Cristina Kirchner, se présentait comme le défenseur des plus démunis, des aides sociales accordées par l'administration Kirchner et s'érigeait en rempart "contre le capitalisme sauvage" incarné selon lui par Mauricio Macri. Ce dernier avait causé la surprise le 25 octobre lors du premier tour. Alors que son parti se satisfaisait de sept points de retard sur Daniel Scioli, il avait obtenu 34% contre 37% pour le candidat du pouvoir.
"La société argentine voulait un changement. Macri a réussi à incarner ce changement. Il a gagné car c'est un bon gestionnaire. Désormais, il va devoir transformer sa coalition électorale en coalition de gouvernement", note le politologue Mariano Aguas. Sans majorité à la Chambre des députés, ni au Sénat, Mauricio Macri devra tisser des alliances pour gouverner l'Argentine, avec une opposition péroniste détenant la majorité absolue au Sénat et une majorité relative de députés.
Selon le politologue, il peut parvenir à dégager une majorité. "En tenant les caisses de la Nation, il peut convaincre des gouverneurs péronistes qui ont besoin de fonds de l'Etat pour leur province, qui ordonneront ensuite à leurs députés et sénateurs d'accompagner la politique du gouvernement".