"Le vide au sommet de l'Etat fait que les problèmes sont laissés en jachère. Les dirigeants tentent d'anesthésier la population en affichant leur assurance et en prétendant avoir une stratégie anti-crise", a souligné ce candidat malheureux aux élections présidentielles de 2004 et 2014 dans un entretien publié par le quotidien Le Monde, daté de mercredi, notant qu'en réalité, le seul combat que mène le système vise à gagner du temps.
"Il n'y a aucune vision de long terme", a-t-il insisté, estimant que la seule façon de sortir de l'impasse actuelle est l'établissement d'un Etat de droit, fondé sur le respect des institutions, de la citoyenneté et des libertés."Aujourd'hui, le choix est clair : aller vers la modernité ou risquer le chaos", a noté M. Benflis, soulignant en outre que dans ce pays, les élections à tous les niveaux sont entachées de fraude.
Il a en outre qualifié de "gravissime" la situation économique en Algérie, expliquant que le cœur de l'économie algérienne bat au rythme des cours pétroliers avec la rente pétrolière qui représente 97% des recettes d'exportation, 70% du budget de l'Etat.
Avec la baisse des prix, le pays a perdu la moitié de ses recettes d'exportation, a-t-il fait observer, précisant que les réserves financières s'épuisent et, plus grave que tout, le gouvernement apparaît impuissant et tétanisé.
"Chacun sait que le problème n'est pas comptable mais structurel", a encore dit l'opposant algérien, relevant que le régime n'a pas la légitimité politique pour mener les réformes qui s'imposent, d'où la nécessité d'élections honnêtes.
Il a aussi dit que face au désastre économique, au risque d'instabilité sociale, le pouvoir a la tentation de régler ses problèmes à huis clos, d'où le raidissement observée actuellement, faisant savoir que l'assemblée vient de voter deux lois relatives au régime électoral et à une prétendue instance électorale indépendante, "deux textes qui organisent la tricherie politique et la fraude".
Selon lui, le régime algérien communique en intimidant, en utilisant les vieilles recettes des régimes autoritaires. "Dès que sa survie est en jeu, il s'attaque à la liberté d'expression. Aujourd'hui, il verrouille les médias publics et multiplie les pressions sur les journaux indépendants, car il se sait fragile", a-t-il ajouté.
Sur un autre registre, M. Benflis a affirmé que l'instrumentalisation de la justice à des fins politiques par le pouvoir est un secret de polichinelle, soulignant que le régime est affairé à préparer sa reproduction et sa reconduction. A notre que Le Monde, qui titre en Une "Comment l'élite algérienne a détourné l'argent du pétrole", évoque certaines affaires de corruption entachant le milieu économique en Algérie.