"Le développement des réseaux large bande représente une opportunité pour les plateformes de partage vidéo financées par la publicité", et nul doute que chacun pensera, à ces mots, à des réseaux tels Youtube ou Dailymotion. Ce constat a été apporté par le programme Euromed Audiovisuel de l'Union européenne dans son dernier rapport sur "le secteur cinématographique et audiovisuel".
Ce document, qui dresse un état des lieux du secteur dans trois pays de la région MENA, à savoir le Maroc, l’Egypte et le Liban, revient sur les principales évolutions en la matière et se penche notamment sur "la télévision internet et les services audiovisuels à la demande". Bien qu’a priori le Maroc ne soit pas très "branché" en matière de e-télévision, il semble que le marché ait de bonnes prédispositions pour ce type d’offres, déjà bien développées sur, notamment, le marché français.
- rapport-euromed.pdf
Du web au petit écran et inversement
Preuve en est : avec plus de 6,2 millions d’impressions quotidiennes obtenues sur les sites de partages en ligne venant de l’Arabie Saoudite, des Émirats Arabes Unis mais, également, de l’Egypte et du Maroc, et environ 5,2 millions d’impressions quotidiennes sur mobile, cette activité pourrait avoir "un impact gigantesque sur le plan médias media planning", avance le rapport. Des chiffres rapportés par le document, chiffres qui ont d’ailleurs encouragé de grands noms de la vidéo en ligne à investir dans le marché marocain. Rappelez-vous, en 2010, Dailymotion lançait, en collaboration avec le groupe web Adwebmaroc, une version marocaine de son portail : dailymotion.ma. Un an plus tard, c’était au tour de Google de franchir le pas, d’abord avec les formules géo-localisées dans huit pays de la région dont le Maroc ; puis ce fut, en avril 2012, au tour de Youtube (la plateforme vidéo de Google) d’annoncer l’arrivée de la "home page ad" au Proche-Orient et en Afrique. Pour ceux qui ne le savent pas, YouTube offre aux navigateurs, sur sa page d’accueil, la région MENA via un "ad space".
Mais ce n’est pas tout. En effet, comme elle a touché de grands groupes médias, la digitalisation du contenu n’a pas manqué de toucher les chaînes nationales. Un effet web que le programme Euromed ne manque d’ailleurs pas de relever. Fin octobre 2012, 2M comptait quelque 8,7 millions de visionnements sur son site web qui dispose d’une option "Replay". Aujourd’hui et depuis 2012, la chaîne de Ain Sebaâ est présente en force sur Youtube, affirme le même rapport. Et elle n’est pas la seule à s’y être mise ! Seule la chaîne historique Al Oula n’est pas encore présente pour partager son contenu en ligne avec les web-spectateurs. Et pourtant, fin octobre 2012, plus de 4,1 millions de vidéos avaient été visionnées sur la chaîne 2M (en une année) et le nombre d’abonnés dépasse actuellement les 77.600 personnes, contre quelque 48.700 pour la chaîne Youtube de Medi1 TV.
Pour les chaînes de télévision, c’est donc autant de web-spectateurs qui visionnent leur contenu, mais pas uniquement. Ils le commentent, interagissent et, surtout, le font circuler à travers la Toile, multipliant l’audience pour certaines "rediffusions" de programmes ou de fictions. Et, avec l’extraordinaire explosion du marché mobile (smartphone et 3G) et de l’infrastructure digitale (lancement prochainement de la 4G), il va sans dire que le web est sans aucun doute l’avenir du secteur audiovisuel au Maroc.