«Le gouvernement algérien a fait l’objet de nombreuses critiques pour sa gestion des incendies en Kabylie mettant en évidence la faiblesse du régime. Aux abois, élu avec une abstention record, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, cherche des boucs émissaires», indique le journal dans ce décryptage qui paraîtra dans sa livraison de ce jeudi, sous le titre «Algérie-Maroc: nouvelles tensions sur vieilles rivalités».
Le Haut Conseil de sécurité algérien avait accusé le Maroc ainsi qu’Israël de soutenir le Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie, auquel Alger impute les incendies. Le régime a aussi mis en cause le mouvement islamo-conservateur Rachad, établi à Londres, rappelle Libération.
«La gestion des incendies est un moment de fragilité interne du régime et celui-ci tente d’en sortir par une stratégie de la tension, en accusant l’étranger de fomenter de mauvais coups, y compris les incendies en Kabylie, ce qui paraît assez surréaliste de la part du Maroc», analyse pour Libération Pierre Vermeren, professeur à l’Ecole d’histoire de Paris I Panthéon-Sorbonne.
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Plus généralement, ajoute Libération, selon le professeur de l’Université de Fès Kamal Kajja, «le régime algérien cherche par son escalade contre le Maroc une échappatoire à ses multiples crises en essayant de détourner l’attention de l’opinion publique algérienne des véritables défis auxquels ils doivent faire face».
S’agissant des conséquences de cette rupture pour le Maroc, Pierre Vermeren affirme qu’en jouant l’apaisement de façade, le Maroc «a le beau rôle».
«L’Algérie se décrédibilise elle-même et ils (les Marocains) n’ont rien besoin de faire. Le fait que Joe Biden valide la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental et leur réconciliation avec Israël leur permet d’avoir de nouveaux soutiens. Ils sont aussi revenus dans l’Union africaine», énumère le chercheur.
«Le Maroc sait très bien que le régime est fragile donc il secoue le cocotier avec quelques provocations et l’Algérie réagit. Bien sûr, il ne faut pas compter sur eux pour recoller les morceaux car ils savent que le régime d’Alger est en difficulté», affirme Pierre Vermeren.