Dans un article intitulé "Le gazoduc Nord Stream 2 et l’alliance UE-US", la publication américaine Newslooks revient sur les nombreux points de divergences géostratégiques entre Washington, Moscou et Berlin au sujet de ce projet, expliquant que Washington veut à tout prix éviter que les pays européens ne deviennent dépendants de l’énergie russe à bas coût.
A cet égard, l’auteur de l’article évoque les trois alternatives à Nord Stream 2, à savoir le gazoduc du Qatar vers l’Europe, l’alternative américaine au gaz russe et enfin un gazoduc en provenance du Nigéria vers l’Europe. "Le passage du gazoduc qatari proposé à travers la Syrie et de là, vers la Turquie, puis l'Europe ne peut être fiable à moyen ou même à long terme", relève la publication, notant que "la situation sécuritaire en Syrie empêche aujourd'hui la réalisation de cette idée".
"Quant aux Etats-Unis comme fournisseur alternatif de gaz à l'Europe, il s'agit d'une théorie qui se heurte à la réalité des plans énergétiques américains", fait observer Newslooks.
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"Les Etats-Unis disposent d'impressionnantes réserves de gaz, mais les appels à la limitation de l'exploration se multiplient, de même que les appels à des projets énergétiques alternatifs. En outre, le coût du gaz américain ne peut pas facilement concurrencer le coût du transport du gaz russe vers l’Europe", explique le portail électronique.
Pour le site d’information, l’alternative africaine, notamment le gaz nigérian, reste "la plus réaliste d'un point de vue purement stratégique". Il précise, "A cet égard, l'Algérie est en concurrence avec le Maroc pour remporter le projet de gazoduc nigérian vers l'Europe. Alors que le Maroc propose le projet de route sûre, l'Algérie offre le chemin le plus court". "Le projet gazier à travers la route algérienne fait face à de nombreux défis sécuritaires, dont le plus important est son passage à travers la région du Sahel, qui est considérée à ce jour comme un refuge pour les organisations terroristes et les gangs de criminalité transfrontalière", souligne la même source.
En outre, continue l’article "le projet gazier algéro-nigérian mise sur le contrôle de quatre pays sur la continuité du flux, et le plus important est que les relations russo-algériennes peuvent permettre à Moscou de contrôler le projet en coulisse".
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S’agissant de l’alternative marocaine, Newslooks explique que "la faisabilité économique du projet marocain réside dans la création d'un partenariat économique entre tous les pays de transit, y compris les pays africains et européens, en permettant non seulement au gaz nigérian d'atteindre l'Europe, mais aussi la Mauritanie et le Sénégal."
"Ainsi, d'aucuns estiment que le projet de gazoduc maroco-nigérian garantit les avantages économiques et de développement de 12 pays d'Afrique et sert largement les objectifs de développement du continent africain occidental, ce qui est dans l'intérêt des Européens, notamment en ce qui concerne la question de l'immigration clandestine", soutient la publication américaine.
Le site conclut que le projet de gazoduc Nigéria-Maroc est "clairement" dans l’intérêt de Washington et des pays européens, "mais à condition que les Etats-Unis s'engagent non seulement dans le soutien financier, mais aussi en veillant à ce que les Russes n'utilisent pas leurs alliés en Afrique, notamment l'Algérie, pour faire campagne contre ce projet, qui profitera économiquement et politiquement aux Etats-Unis et à quelque 300 millions de citoyens africains”