En bleu, en blanc et en rouge, les trois femmes posent entièrement drapées d’une abaya et voilées aux couleurs de la France, leur pays.
Sur Instagram, la publication annonce sans détour l’engagement politique de cette couverture. «En France, où l’État laïc est une source de fierté historique, les femmes musulmanes sont exclues de la société par des politiciens qui se plient sans vergogne à l’extrême droite. Désormais, les écolières et les sportives prennent en main la lutte pour l’autonomie corporelle», est-il ainsi annoncé.
En effet, les femmes figurant sur cette couverture, mais aussi dans les pages de ce numéro inédit, ne sont pas inconnues du grand public.
En couverture, on retrouve ainsi, de gauche à droite, Loubna Reguig, présidente de l’association Étudiants musulmans de France (EMF), Salimata Sylla, la basketteuse et fondatrice de la ligue Ball’Her, et enfin Hiba Latreche, vice-présidente du Forum des organisations européennes musulmanes des jeunes et d’étudiants.
Dans les pages du magazine fondé en 1991 par le photographe Rankin, on retrouve aussi d’autres femmes françaises musulmanes, aussi inspirées qu’inspirantes, photographiées par Solène Gün, parmi lesquelles Founé Diawara, Hawa Doucouré et Yousra du collectif «Les Hijabeuses», qui rassemble des joueuses de football portant le voile, ou encore l’autrice Ania Khelaf, ainsi que Sarah Bennani, créatrice du podcast «Les Percées».
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Le magazine invite aussi, dans une vidéo postée sur Instagram, à découvrir les coulisses de la réalisation de cette couverture et de ce dossier, désireux de «capturer la vie des femmes musulmanes françaises qui défendent le droit de porter l’abaya avec fierté».
«Nous sommes instruites, nous travaillons dans différents secteurs et nous ne voulons plus nous rendre invisibles», déclare ainsi Ania Khelaf.
Pour la publication britannique, l’interdiction du port de l’abaya va à l’encontre de la liberté des femmes. Ainsi, y écrit-on, «les efforts de l’État français pour défendre les droits des femmes et prévenir le “séparatisme”, tout en renforçant l’interdiction du hijab et d’autres vêtements à caractère religieux, sont totalement contre-productifs. Tout le mérite revient aux femmes et aux filles musulmanes qui ont choisi de revendiquer leur propre identité française.»
Une position défendue par la basketteuse Salimata Sylla, l’une des figures principales de la couverture: «Les médias parlent tout le temps du hijab. Il diffuse des informations toute la journée, mettant souvent en avant l’extrême droite. Il n’y a pas un seul jour où l’on n’entend pas parler des Arabes, des musulmans ou des immigrés aux informations. Mais les médias présentent une version de nous qui n’existe pas.» Et d’assurer: «Nous allons encore nous battre, nous n’allons pas lâcher prise. Nous avons de plus en plus de filles qui nous rejoignent chaque jour. Ce n’est que le début.»
Un beau pied de nez réalisé par la célèbre publication britannique, fidèle à sa ligne éditoriale, à l’égard des discours qui appellent à la haine et à la division des communautés.