Le MET Gala 2018 célèbre l’imagerie catholique: voici pourquoi l’islam et le judaïsme ont été écartés du thème

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Chaque année, à l’occasion du premier lundi du mois de mai, les people de tous bords foulent le tapis rouge du très prestigieux Gala du Metropolitan Museum of Art (MET) de New York. Un véritable concours de style qui célèbre cette année l’imagerie catholique. Pied de nez à la mode islamique?

Le 08/05/2018 à 14h52

Mannequins, acteurs, chanteurs, créateurs et influenceurs se sont livrés à une fashion battle mémorable sous les flashs des photographes du monde entier. Un défilé de looks souvent extravagants, qui font le buzz ou au choix, un gros flop, comme dans le cas de Jessica Parker qui joue le tout pour le tout dans une tenue pour le moins étonnante signée Dolce & Gabanna.

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Cette soirée mondaine à laquelle tout people qui se respecte se doit d’être invité a été créée en 1948 à l’initiative du MET afin de récolter des fonds au profit du Costume Institute, l’un des départements du musée dédié à la mode et aux vêtements. Ledit département a aujourd’hui été rebaptisé Anna Wintour Costume Center, du nom de la redoutable rédactrice en chef de Vogue magazine et directrice artistique du groupe Condé Nast. C’est la grande papesse de la mode herself à qui revient la lourde tâche d’établir la liste des 700 invités triés sur le volet, de coprésider et d’organiser le gala, de composer les plans de table et de rallier des sponsors à cette noble cause.

Sous le tapis rouge, les dollars

A l’occasion de ce bal des tendances qui ouvre le lancement de l’exposition annuelle du Costume Institute, plus de 12, 5 millions de dollars ont été reversés au MET en 2017. Une véritable manne financière pour le musée dont l’invitation au gala est ouverte à deux catégories d’invités, qui n’ont d’invités que le nom, ceux-ci devant débourser des sommes folles pour assister à la soirée. D’un côté, ceux qui auront la chance d’être invités à la table d’une maison de couture moyennant la somme de 250.000 dollars et de l’autre, ceux qui ne disposeront que de leur propre place en contrepartie de la somme de 30.000 dollars.

Payer un prix exorbitant ne permet toutefois pas aux invités de débarquer quand bon leur chante. Réglée comme du papier à musique, l’arrivée des people sur le tapis rouge est régie par des horaires fixes, chaque invité devant se présenter à une heure précise afin de ne pas risquer de bousculade. Autre règle à ne surtout pas enfreindre: interdiction de faire des selfies! Ce qui se passe au MET doit rester au MET. Ça ne rigole pas!

2018, l’année de la charité chrétienne

Au-delà de l’aspect caritatif de la soirée, le concept repose sur une thématique mode renouvelée chaque année et que chaque invité est libre d’interpréter à sa manière. Si en 2017, le MET Gala célébrait «l’art entre-deux» en référence à Rei Kawabuko et à la marque Comme des Garçons, cette année, la thématique s’avère bien plus complexe, voire même sujette à polémique: «Corps célestes: mode et imagerie catholique».

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Une thématique assez étrange à l’heure où on fustige la «modest fashion » et où on a tendance à dénoncer les créateurs et marques qui se lancent dans le business de la mode islamique pour conquérir les juteux marchés du Moyen-Orient. Une thématique qui a toutefois permis à certaines stars d'exprimer leur penchant pour la controverse à l'instar de Rihanna, habillée pour l'occasion en papesse. Le Vatican risque fort d'apprécier l'allusion pas du tout cachée à la féminisation du rôle de pape dans l'Eglise catholique.

De son côté, Andrew Bolton, le célèbre conservateur du Costume Institute a dévoilé au magazine Vogue les coulisses de la sélection des thématiques et notamment la genèse du thème de 2018, lequel suscite de nombreuses interrogations.

"Je crois que toute exposition doit susciter le débat", confie-t-il à Vogue à quelques jours de l’inauguration. "Je pense qu’il est important d’ouvrir un débat et de donner une visibilité à des idées difficiles à aborder ou perçues comme problématiques. C’est le rôle de tout musée: ouvrir les horizons des gens sur un sujet donné à travers des objets."

L’exposition de cette année qui lui "tient particulièrement à cœur" a été réfléchie depuis le début des "guerres culturelles des années 1980". Bolton annonce ainsi qu’à l’origine de cette idée, il était question d’explorer cinq systèmes de croyances et de les représenter dans la collection existante du MET: le bouddhisme, l’hindouisme, l’islam, le judaïsme, et le catholicisme. Toutefois, confronté à la richesse du contenu s’agissant du catholicisme et de sa vaste influence, Bolton a décidé de se concentrer uniquement sur l’imagerie de cette religion. "Je me suis dit que j’allais tirer profit de l’abondance de ce contenu", précise-t-il.

"Il y a bien évidemment un caractère sensible autour de la mode et de la religion – autour de l’art et de la religion en général, à vrai dire – mais c’est justement intéressant en termes de tension", raconte-t-il. "Je suis contre la censure, mais je suis d’accord pour travailler avec la communauté, et en collaboration pour se soutenir mutuellement. J’ai découvert que certaines choses que je croyais banales ou bénignes ne le sont en fait pas. J’ai appris énormément – parfois le Vatican et moi étions en désaccord, mais nous avons toujours trouvé des solutions et nous avons réussi à mieux comprendre nos points de vue respectifs au cours du processus."

Un point de vue partagé par Katy Perry qui a pour l'occasion délaissé son image de bad girl pour se voir pousser des ailes d'ange... La magie de la mode.

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Et si le public devait comprendre un message derrière cette thématique, ce serait selon Andrew Bolton "Que la beauté peut être un pont entre le croyant et le non-croyant". Un message qui a en tout cas inspiré les people qui ont fait fi de leurs croyances religieuses pour épouser le temps du gala la symbolique d’une autre religion.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 08/05/2018 à 14h52