Le Cinéma Salam à Agadir, ce chef-d'oeuvre qui a résisté au séisme... mais pas à l'oubli

DiaporamaUne architecture incroyablement moderne, une superficie de 1200 m2... Ce cinéma gadiri bâti en 1946 a résisté au tremblement de terre de 1960…. Mais pas à l’oubli.

Le 06/10/2018 à 05h56

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C’est entre le quartier industriel et la Rue de Fès, à Agadir, que se dressait fièrement cet édifice hors du commun, le cinéma Salam.Construit en 1946 par l'architecte Georges Appéré et l’entrepreneur Haj Boubker Fakih Tetouani, le cinéma appartenait à l’homme d’affaires, Si Yahia Ben Idder.

A partir de 1957, on vient y voir des films américains et indiens en technicolor. Selon les témoignages de certains, le dernier film projeté la nuit du tremblement de terre était «Godzilla». Quand la ville s’est mise à trembler, les spectateurs ont bien cru que le monstre en personne était venu détruire Agadir.

Seul cinéma de la ville jusqu’aux années 1980, le cinéma Salam possède la particularité d’être l’un des seuls édifices à avoir résisté au tremblement de terre qui a détruit dans sa quasi-totalité la ville d’Agadir.

Lieu de rencontre de la jeunesse gadirie, l’édifice a échappé à la destruction au profit d’un projet immobilier. Depuis, la municipalité d’Agadir ainsi que des associations d’anciens gadiris luttent pour que ce vestige soit sauvé des affres de l’abandon et de l’oubli.

Sauvez les salles obscures!La Chambre marocaine des salles de cinéma a de son côté mis en garde, le 4 octobre, contre la fermeture d’un grand nombre de salles obscures à cause de la faible affluence du public, de la piraterie et du manque de soutien.

"Les 27 salles encore ouvertes dans diverses régions du Royaume sont au bord de la faillite et se dirigent vers la fermeture", a indiqué la Chambre à l’occasion de la tenue de son assemblée générale ordinaire, estimant que la "situation tragique" de ces salles "les pousse à rejoindre le lot de plus de 250 salles ayant fermé définitivement".

Les membres de la Chambre, dont la plupart sont des propriétaires de salles cinéma, ont demandé aux autorités concernées à accélérer le "sauvetage" de ces salles qui endurent en raison de plusieurs facteurs dont "la faible affluence, le piratage et le manque de support matériel et logistique".

De nombreuses tentatives pour sauver ces salles ont été entreprises notamment la modernisation des équipements avec la dernière technologie numérique et le changement de la décoration afin de satisfaire les demandes des cinéphiles au moment où les recettes n’ont pas dépassé 41 millions de dirhams les huit premiers mois de l’année en cours.

Selon les données du Centre cinématographique marocain (CCM), les recettes de 28 cinémas ont dépassé 72 millions de dirhams alors que le record des recettes a été enregistré en 1988 à plus de 144 millions de dirhams générés par 245 salles de cinéma.

Les professionnels ont, à cet effet, réclamé une révision du montant de la TVA, passé de 13% à 20% actuellement, et la mise en œuvre des dispositions de la loi 43-05 pour lutter contre le phénomène de piratage.

Ils ont également appelé les parties concernées à accorder un soutien financier afin d’éviter la faiblesse des recettes à hauteur d’un dirham quotidien pour chaque siège ainsi que d’équiper les salles avec un deuxième dispositif de numérisation pour le cas éventuel de panne du premier.

Et de relever que l’ouverture de complexes de cinémas, qui comptent jusqu’à présent 43 salles à Casablanca, Marrakech, Fès et Tanger, n’a pas répondu aux objectifs escomptés puisqu’ils souffrent des mêmes problèmes.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 06/10/2018 à 05h56