L’Algérie ferme une salle de cinéma à cause de Pamela Anderson

DR

Heureusement que le ridicule ne tue pas! Le ministre algérien de la Culture a, selon France Info, fait fermer une salle de cinéma suite à la projection du film «Borat», dans lequel joue la pin-up américaine.

Le 04/06/2018 à 18h24

Sorti initialement en 2006, le film Borat réalisé par Larry Charles, a été projeté le 18 mai dernier en Algérie. A l’affiche, Sacha Baron Cohen et Pamela Anderson dont les courbes et la prestation d’actrice n’ont pas été du goût du ministre de la Culture algérien, Azzedine Mihoubi.

Pour ceux qui n'auraient pas vu le film Borat, en voici le pitch. Le gouvernement du Kazakhstan confie à Borat Sagdiyev, un journaliste gaffeur, naïf et antisémite, la tâche de réaliser un documentaire sur la vie aux États-Unis. En compagnie de son équipe de tournage et de son producteur Azamat, Borat débarque à New York où, après avoir regardé un épisode de la série «Baywatch», il tombe amoureux fou de Pamela Anderson.

© Copyright : DR

Bien que complètement burlesque, le film a visiblement été pris très au sérieux par le ministre de la Culture qui s’est empressé de faire fermer la salle de cinéma qui avait osé diffuser ce film aux «scènes indécentes» en prétextant tout d’abord la diffusion de films piratés dans cette salle.

La mise à l’affiche de ce film pendant le mois de ramadan, et qui plus est un vendredi, au cinéma Mohamed-Zinet à Alger, a provoqué la colère des conservateurs, parmi lesquels le journal arabophone El Bilad, lequel a taxé Pamela Anderson «d’actrice porno» .

De son côté, le site Algeriemondeinfos accuse le ministre de la Culture de céder à la pression des conservateurs du journal El Bilad, affirmant que le ministre encourage ainsi «la censure, seulement pour satisfaire les élucubrations d'un islamiste à l'esprit mal tourné». Et de préciser que cette décision est «injustifiée, d'autant que la télévision publique algérienne a diffusé par le passé une série dans laquelle l'actrice américano-canadienne avait le premier rôle».

Une décision qui a provoqué un tollé général en Algérie. Sofia Djama, réalisatrice algérienne primée en 2017 à la Mostra de Venise, a ainsi interpellé le ministre en question dans un post sur sa page Facebook.

«Vous avez en effet l'argument de la légalité et le respect des droits de diffusion», écrit-elle en référence aux films piratés, mais diffusés par la salle Mohamed-Zinet. Avant de laisser parler sa colère: «Vous y ajoutez un commentaire inutile pour nous, mais audible pour les conservateurs et les islamistes. Vous osez invoquer l'indécence de certaines scènes en ce sacré mois de ramadan pour justifier la fermeture. Ça, c'est vulgaire et indécent puisque vous pouviez vous contenter de la loi.»

Par Zineb Ibnouzahir
Le 04/06/2018 à 18h24