Des mules plates, à bouts pointus et ouvertes à l’arrière… Voilà à quoi ressemblent les nouvelles mules de Balenciaga, lancées sur la plateforme numérique de la marque française de mode et de luxe au titre de la collection printemps-été 2024.
En version denim ou cuir d’agneau noir, ces mules qui ont tout d’une babouche sont vendues au prix de 995 dollars la paire, soit près de 10.000 dirhams. De quoi faire revoir leur copie aux artisans marocains soumis à des négociations musclées par des touristes à la recherche de prix toujours plus bas.
Inspiration ou appropriation?
De plus en plus, au même titre que dans différents domaines artistiques, la mode s’inspire des cultures au point que c’en est devenu (presque) normal. Le wax africain en a ainsi fait l’expérience en étant starifié par certains grands couturiers, tout comme le caftan marocain l’a été, bien avant lui, et l’est toujours. Idem pour la gandoura marocaine ou encore le kimono japonais.
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Pourquoi y a-t-il lieu dans le cas présent de parler d’appropriation culturelle et non d’inspiration ou d’appréciation culturelle, comme le dénonce la Toile marocaine? Parce que selon les partisans de ce concept tout droit venu des États-Unis dans les années 90, à aucun moment la marque ne cite ou ne rend hommage à la culture à laquelle elle a «emprunté» ce modèle. On parlera donc dans le cas présent d’appropriation culturelle, appellation qui renvoie à l’époque coloniale, durant laquelle les puissances coloniales ont non seulement pillé les ressources naturelles mais aussi exploité l’artisanat local des pays sous leur domination.
Balenciaga et le jeu des 7 erreurs
Ce n’est pas la première fois que Balenciaga s’attire la colère des internautes pour ce type de plagiat. En 2021, la marque de luxe fondée en 1919 par l’Espagnol Cristóbal Balenciaga avait provoqué un tollé avec un pantalon qui reprenait en tout point le style du «sagging», typique des prisonniers afro-américains qui portaient leur baggy très bas, dans les années 90. Peu avant, la marque, qui entend s’emparer de codes perçus comme issus des classes populaires, avait provoqué un tollé avec ses «Refugee bags», renommés ensuite «Barbès bags» en raison de leur motif tartan emblématique des magasins Tati, ou encore avec son «imitation» des sacs de la marque Ikea.
Pour Balenciaga et son directeur artistique, le Géorgien Demna Gvasalia, la clé du succès semble être dans la polémique et dans la maîtrise d’une règle d’or: il suffit de seulement sept différences pour échapper aux procès en contrefaçon.