Mobilisation fiscale: le Maroc consolide ses recettes et accélère sa transition vers l’impôt direct

Le siège de la Direction générale des impôts (DGI), à Rabat.

Revue de presseAvec un ratio impôts/PIB supérieur à la moyenne africaine et des recettes en progression, le Maroc confirme la solidité de son système fiscal. Portée par le travail de la Direction générale des impôts, la mobilisation des ressources publiques s’appuie sur une transition fiscale avancée, un meilleur rendement des impôts directs et une adaptation progressive aux nouvelles formes d’activité économique. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Eco.

Le 21/12/2025 à 20h03

Le Maroc affiche des performances fiscales qui le placent parmi les pays africains les plus avancés en matière de mobilisation des recettes publiques. Avec un ratio impôts/PIB stricto sensu de 21,2%, le Royaume dépasse de cinq points la moyenne des 38 pays africains couverts par le benchmark 2025 publié par l’OCDE et repris par le quotidien Les Inspirations Eco du 22 décembre. Cet indicateur ne renseigne pas uniquement sur le niveau de la pression fiscale, mais surtout sur la capacité effective de l’administration à lever l’impôt et à sécuriser les ressources budgétaires.

À l’échelle du continent, le ratio moyen impôts/PIB s’établit à 16,1%, en progression de 0,5 point. Les écarts entre pays restent toutefois marqués, avec des niveaux allant de 2,9% en Somalie à près de 25% au Maroc, en Afrique du Sud et aux Seychelles, lorsque les prélèvements de sécurité sociale sont inclus. Dans 14 pays du benchmark, les ratios se situent entre 15 et 25%, tandis que 20 pays demeurent en dessous du seuil de 15%. Ce faible niveau moyen traduit une marge de manœuvre budgétaire limitée pour de nombreux États africains, réduisant leur capacité à financer durablement des secteurs clés comme la santé, l’éducation ou les infrastructures.

Au Maroc, si la pression fiscale au cours des cinq dernières années s’est établie à 21,2% selon le ministère délégué chargé du Budget, la structure de l’impôt et son rendement témoignent d’une administration fiscale en phase de maturité. La Direction générale des impôts a poursuivi un travail soutenu de modernisation, d’élargissement de l’assiette et d’amélioration du recouvrement, permettant de consolider les recettes tout en accompagnant les réformes fiscales engagées.

La question de l’allègement de la fiscalité des très petites entreprises revient régulièrement dans le débat public. Certains opérateurs évoquent l’exemple du Nigéria, où les entreprises réalisant moins de 600 000 dirhams de chiffre d’affaires sont exonérées de l’impôt sur les sociétés. «Une telle mesure, transposée au Maroc, aurait toutefois un coût budgétaire élevé, dans la mesure où plus de quatre sociétés sur cinq inscrites au fichier de l’IS déclarent en moyenne moins de 3 millions de dirhams de revenus annuels», note Les Inspirations Eco. Hormis la TVA, les niveaux de taux d’imposition ne constituent plus la principale préoccupation des opérateurs économiques, dont les attentes se concentrent davantage sur la lutte contre l’informel et la fraude, la simplification des procédures, ainsi que le traitement plus diligent du contentieux fiscal et des requêtes adressées à l’administration.

Contrairement à de nombreux pays africains, le Maroc a engagé depuis plusieurs années une transition fiscale marquée par la montée en puissance des impôts directs au détriment de la fiscalité de porte, notamment les droits de douane. Cette évolution structurelle s’est confirmée au cours de l’exercice fiscal 2025, qui touche à sa fin. À fin novembre, les impôts directs ont généré 144,3 milliards de dirhams de recettes, contre 138,2 milliards pour les impôts indirects, consacrant leur rôle de pilier du système fiscal national.

À l’échelle des 38 pays analysés par l’OCDE, la progression des recettes de l’impôt sur les sociétés explique en partie la bonne tenue globale des recettes fiscales, avec une hausse moyenne de 0,4 point. Les recettes issues de la TVA et des droits à l’importation ont progressé de 0,1 point de PIB, tandis que celles de l’impôt sur le revenu des personnes physiques sont restées stables. Dans 26 pays sur 38, les impôts indirects demeurent la principale source de recettes fiscales, représentant entre 36,2% du total en Tunisie et 86% en Somalie. Dans 24 pays, la part des recettes provenant de l’impôt sur les sociétés dépasse celle de l’impôt sur les revenus salariaux, avec des niveaux particulièrement élevés au Tchad et en Guinée équatoriale, où l’IS représente plus de 60% des rentrées fiscales.

Plusieurs pays africains ont récemment renforcé leur arsenal fiscal pour intégrer l’économie numérique. Le Nigéria a ainsi modifié sa législation afin de taxer les grandes entreprises technologiques sans présence physique sur son territoire, en créant un bureau spécialisé chargé d’identifier les acteurs numériques non-résidents. La Zambie a, pour sa part, adopté une réglementation spécifique en matière de TVA applicable aux services électroniques transfrontaliers. «Le Maroc s’inscrit également dans cette dynamique en ayant instauré une taxation de 30% sur les revenus des influenceurs et des créateurs de contenus sur les réseaux sociaux, une mesure qui illustre l’adaptation progressive du système fiscal aux nouvelles formes d’activité économique», conclut Les Inspirations Eco.

Par La Rédaction
Le 21/12/2025 à 20h03