Vidéo. Comment les réserves de la Caisse marocaine des retraites s’épuiseront

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La réforme du régime civil des pensions civiles de la Caisse marocaine des retraites est plus qu’urgente, malgré les mesures introduites fin 2016. Voici ce qu’en pense le DG de la CMR, Lotfi Boujendar.

Le 27/10/2018 à 11h01

L’étude qui va déterminer les scénarii de la future réforme du régime des pensions civiles de la Caisse marocaine des retraites (CMR) sera incessamment lancée par le ministère des Finances, a affirmé à Le360 le DG de la CMR, Lotfi Boujendar, en marge du débat sur la réforme des retraites, organisé hier, vendredi 26 octobre, à Casablanca par nos confrères d’Aujourd’hui le Maroc.

Les mesures introduites fin 2016 lors de la réforme paramétrique (relèvement à 63 ans de l’âge de départ à la retraite, entre autres) étaient nécessaires mais restent insuffisantes, reconnaît-il, corroborant ainsi le constat inquiétant de plusieurs rapports, notamment celui de la Cour des comptes. «A l’instar de mes précédentes présentations devant vous chaque année, je voudrais revenir, de nouveau, à la situation de la Caisse marocaine des retraites, eu égard aux risques élevés que présentent les indicateurs du déficit de cette institution sur l’équilibre des finances publiques, et ce, en dépit de l’importance de la réforme entreprise par le gouvernement, entrée en vigueur à partir du mois d’octobre 2016», peut-on lire dans l’exposé du président de la Cour des comptes, Driss Jettou, devant les deux chambres du parlement, le mardi 23 octobre.

Voici les principales observations soulevées par la Cour des comptes au sujet de la CMR, deux ans après l’introduction de la réforme paramétrique:

- Les indicateurs de la soutenabilité du système des retraites civiles au titre de 2017 ont continué à se dégrader, puisque le nombre des actifs est passé à 2,12 pour chaque retraité en 2017 contre 2,24 en 2016. Au moment où le nombre des retraités est passé à 358.000 en 2017 contre 337.000 en 2016.

- Les contributions collectées en 2017 ont atteint 18,6 milliards de dirhams, contre un total de retraites payées de 24,2 milliards de dirhams, impliquant ainsi un déficit technique de 5,6 milliards de dirhams en 2017, contre un déficit de 4,76 milliards de dirhams en 2016.

- Toutes les prévisions actuarielles indiquent que l’accroissement des engagements du système vis-à-vis des retraités, y compris ceux qui en bénéficieront ultérieurement, restera plus élevé que celui de ses ressources, en raison d’une multitude de facteurs. Jettou cite notamment le rythme de promotion dans la fonction publique qui débouche sur le reclassement quasi-automatique d’une partie des fonctionnaires en cadres. Par conséquent, la part des cadres parmi les nouveaux retraités est passée de 79,5 % en 2016 à 88,6 % en 2017, ce qui se traduit par une forte augmentation du niveau des retraites.

- La moyenne des retraites pour l’ensemble des affiliés au système a atteint, en 2017, un montant de 7.162 DH au moment où elle a atteint pour les fonctionnaires admis à la retraite pour la seule année 2017 un montant de 10.126 dirhams, soit une différence de plus de 41%.

- En dépit de l’entrée en vigueur de la réforme des retraites en octobre 2016, les réserves du système des retraites civiles continuent de diminuer, passant à 79,9 milliards de dirhams à fin 2017 contre 82,6 milliards de dirhams en 2016. Cette évolution va se poursuivre durant les prochaines années pour arriver à l’épuisement total des réserves en 2027.

Par Wadie El Moudden et Kebir Bhair
Le 27/10/2018 à 11h01