La ferraille de Salmia à Casablanca, qui s'étend sur 8 hectares, fournit toutes les régions du Maroc en pièces de rechange automobile. Les pièces d’occasion, importées de l’étranger, constituent 60% de l’approvisionnement de cette ferraille. Les importateurs qui disposent d'un local sur place appréhendent actuellement une pénurie à venir.
«C’est la crise. Nous n’importons plus de pièces de rechange, à cause, entre autres, d’un certificat de conformité imposé par le ministère de l’Industrie. Ce contrôle se fait à l’étranger, avant qu'on nous envoie nos lots au Maroc. C’est un vrai obstacle, et en ce moment, nous sommes à l’arrêt, nous n’importons plus rien. Nous nous contentons d’écouler la marchandise que nous avons déjà dans nos stocks depuis à peu près un an», explique Adil Rachdi, porte-parole de la Fédération des importateurs de pièces de rechange, que Le360 a interrogé.
Ce certificat de conformité dont parle Adil Rachdi est entré en vigueur le 1er février 2020. Il s’agit d’un contrôle de la qualité de la marchandise à destination du Maroc, et la liste en a été publiée sur le site du département que dirige le ministre de l'Industrie et du commerce, Moulay Hafid El Alamy.
Seuls trois cabinets d’audit internationaux sont chargés et habilités à délivrer ce certificat, après un contrôle qui peut durer plusieurs jours. Et pour Adil Rachdi, «en plus du fait que ce sont des frais supplémentaires qui seront à notre charge, l’importateur qui, en général, prend un visa affaires pour aller acheter sa marchandise et la transférer au Maroc, via un conteneur et par bateau, ne peut généralement pas rester plus qu’une quinzaine de jours. Ce certificat est un vrai obstacle».
Lire aussi : Le numéro Un français du recyclage automobile débarque au Maroc: la fin de la ferraille marocaine?
Hassan Mouhib, président de la fédération des importateurs de pièces de rechange, tient toutefois à tempérer ces propos, et refuse, de son côté, d’affirmer qu’il y a un manque de pièces de rechange automobile. Cependant, il souligne que le risque d'une pénurie est bien réel et pourrait survenir dans deux ou trois mois… «Avec ce contrôle de conformité, la plupart des importateurs [de pièce de rechanges, Ndlr] n’achèteront plus leur marchandise à l’étranger. Ça risque d’arriver durant le mois de ramadan», prévient le président de la Fédération des importateurs de pièces de rechange.
Aziz, mécanicien, a été rencontré dans ces lieux par Le360. Ce grand habitué de la ferraille de Salmia confirme qu’il y a un manque de pièces de rechanges pour les véhicules anciens. Les frais de douane, qui ont augmenté de 40%, y sont pour beaucoup, selon lui. Et si la quantité de la marchandise disponible a diminué, les prix, eux, ont par conséquence augmenté. «Une pièce que j’achetais à 1000 dirhams, aujourd’hui, elle est à 1500 dirhams», détaille-t-il.
Et Adil Rachdi se livre à cette analyse: «la crise est mondiale. Dans ce contexte de pandémie, la demande augmente et l’offre diminue… Sans oublier que le pouvoir d’achat a baissé».