Un nouveau dispositif pour transformer en profondeur le paysage des TPME marocaines

Photo d'illustration.

Avec le Nouveau Pacte de l’investissement, le Maroc introduit un dispositif inédit d’appui aux très petites, petites et moyennes entreprises. . DR

Revue de presse Avec le Nouveau Pacte de l’investissement, le Maroc mise sur un mécanisme inédit de soutien aux TPME, pensé pour clarifier les règles du jeu, encourager l’emploi durable et rééquilibrer l’investissement sur l’ensemble du territoire. Une réforme qui, selon plusieurs experts, pourrait déclencher une véritable mutation du tissu entrepreneurial, à condition que l’écosystème public et privé s’aligne pleinement sur cette nouvelle dynamique. Cet article est une revue de presse tirée de Challenge.

Le 26/11/2025 à 20h31

«Porté par le Nouveau Pacte de l’investissement, le nouveau dispositif d’aide aux très petites, petites et moyennes entreprises se présente comme un outil destiné à rééquilibrer l’activité économique, à encourager la création d’emplois stables et à soutenir l’investissement productif dans l’ensemble du pays», indique le magazine Challenge. Cité par l’hebdomadaire, Anouar El Basrhiri, directeur général de TMS Consulting, explique que ce mécanisme représente «une rupture attendue depuis longtemps» et pourrait amorcer une transformation profonde du tissu entrepreneurial marocain, à condition que l’ensemble des acteurs publics et privés s’en saisisse pleinement.

Longtemps, les TPME ont évolué dans un environnement marqué par le manque de visibilité, des difficultés persistantes d’accès au crédit et un accompagnement institutionnel souvent morcelé. Le nouveau dispositif inscrit dans le Pacte entend répondre à ces failles structurelles en misant sur des règles simplifiées, une meilleure prévisibilité et un soutien financier direct. Cette nouvelle orientation introduit une logique plus lisible pour des entreprises régulièrement présentées comme «le maillon fragile du tissu économique».

Pour Anouar El Basrhiri, ce changement est déterminant. «Ce dispositif apporte quelque chose que les TPME attendent depuis longtemps, surtout en matière de clarté, de visibilité et de soutien financier direct», souligne-t-il. À ses yeux, l’un des signaux majeurs envoyés par l’État tient à la reconnaissance explicite du rôle stratégique de ces structures. «Les TPME ne sont plus à la marge, elles sont au centre de la stratégie d’investissement du pays. Les règles sont simples, les primes clairement définies, et les entreprises savent dès le départ ce qu’elles peuvent obtenir. Cela rassure les porteurs de projets et leur permet de planifier leurs investissements avec plus de confiance».

Au cœur du mécanisme, trois primes modulables (emploi, territoire et secteur prioritaire) permettent d’atteindre jusqu’à 30% du montant global de l’investissement. Le choix est clairement assumé: favoriser des projets productifs, créateurs d’emplois durables et générateurs de valeur locale. «Les projets qui bénéficieront le plus seront ceux reposant sur une activité productive, créatrice d’emplois et porteuse de valeur ajoutée locale», explique le DG de TMS Consulting. Il cite aussi bien la transformation industrielle que le tourisme ou les services productifs. Selon lui, les initiatives les mieux structurées auront une avance certaine. Mais il insiste sur un principe essentiel: «ce ne sera pas une question de taille, mais de sérieux et de préparation».

L’un des objectifs majeurs du dispositif consiste à encourager les entrepreneurs à regarder au-delà des trois principaux pôles économiques du pays, écrit Challenge. Les primes territoriales, pouvant atteindre 15%, constituent un levier puissant pour inciter à l’investissement dans des régions jusque-là moins attractives. «Pour beaucoup de TPME, ces primes peuvent faire la différence entre un projet viable et un projet abandonné», affirme Anouar El Basrhiri. Avec la saturation des grandes métropoles et la hausse des coûts d’implantation, il estime que des territoires comme Béni Mellal, Ouarzazate, Guelmim ou certaines provinces du Sud pourraient progressivement attirer davantage d’investisseurs. Selon lui, le mécanisme ne produira pas un basculement immédiat, mais encouragera une redistribution progressive de l’investissement.

L’accompagnement administratif demeure toutefois un point sensible. Les Centres régionaux d’investissement, désormais chargés de valider et de suivre les projets, ont gagné en efficacité grâce à la digitalisation et aux commissions unifiées, mais le risque d’un accès inégal persiste. «Toutes les TPME ne sont pas au même niveau de structuration, et c’est là que se situe le vrai risque», avertit El Basrhiri. À ses yeux, les CRI ne pourront réussir seuls: «les TPME ont souvent besoin d’un appui externe pour structurer et modéliser leur projet, sans oublier le rôle que les banques doivent jouer pour la réussite ou l’échec du dispositif. Le succès dépendra de la capacité des CRI et des partenaires privés à travailler ensemble».

Au-delà des aspects financiers, ce nouveau cadre impose également un changement de culture entrepreneuriale. La formalisation des activités, le recours à l’emploi déclaré ou encore la mise en place d’une gouvernance plus rigoureuse pourraient contribuer à professionnaliser en profondeur les TPME. «Ce dispositif pousse les entreprises à travailler différemment, à formaliser leurs projets, à recruter en CDI, à structurer leur vision financière», analyse Anouar El Basrhiri. Selon lui, un cadre plus clair, plus sélectif mais aussi plus juste ouvre la voie à un véritable saut qualitatif. «Les TPME qui saisiront cette opportunité gagneront à moyen terme en crédibilité, en stabilité et en capacité de financement. Et si les banques accompagnent ce mouvement, alors oui, on peut parler d’une transformation durable du modèle de la TPME au Maroc».

Avec un objectif de 550 milliards de dirhams d’investissements mobilisés, 500 000 emplois à créer et une ambition assumée de rééquilibrage territorial, le nouveau dispositif d’aide aux TPME s’avance comme bien plus qu’un simple outil financier. Il constitue un pivot stratégique pour ancrer la croissance dans l’économie réelle. Reste à savoir si l’État, les banques, les CRI et les entrepreneurs eux-mêmes sauront s’approprier cette opportunité pour faire émerger une nouvelle génération d’entreprises marocaines plus solides, plus visibles et prêtes à jouer pleinement leur rôle dans le développement du pays.

Par La Rédaction
Le 26/11/2025 à 20h31