Décidément, en cette année 2016, l'embellie du tourisme excelle dans l'art de se faire attendre, écrit L'Economiste dans son édition du 8 juin. À l'heure où le Maroc multiplie ses opérations de séduction auprès des pays émetteurs, les chiffres le trahissent, affichant un déclin de l'attractivité du pays.
Le bulletin des statistiques du tourisme à fin avril 2016, publié par l'Observatoire du tourisme, confirme la donne. Il fait état d'un recul de la compétitivité de la destination Maroc en faveur de destinations concurrentes. Ainsi, durant les 4 premiers mois de l'année, le volume des arrivées au poste-frontières a atteint à peine 2,74 millions de touristes, en régression de 0,8% par rapport à la même période de l'année 2015. Ce sont là des données communiquées par la Direction générale de la sûreté nationale et reproduites par l'Observatoire du tourisme.
De ce fait, les principaux marchés émetteurs ont enregistré des résultats en berne, en particulier celui de l'Allemagne qui a enregistré un recul de 8%, celui de l'Italie en régression de 5% et celui du Royaume-Uni qui enregistre une baisse de 7%. En contrepartie, les timides arrivées des touristes en provenance des Pays-Bas ont progressé de 5%. Une progression qui n'a pas réussi à compenser le recul enregistré sur les principaux marchés émetteurs du royaume.
Selon les données communiquées par les professionnels de l'hébergement touristique à fin avril 2016, les nuitées totales réalisées dans les établissements d'hébergement touristiques classés ont enregistré une baisse de 1% par rapport à la même période de 2015.
Cette régression recouvre une baisse de 5,7% pour les touristes non résidents et une hausse peu significative de 10,3% pour les touristes résidents. Les deux pôles touristiques Marrakech et Agadir ont généré, à eux-seuls, 60% des nuitées enregistrées à l'échelle nationale durant les 4 premiers mois de 2016. Aussi, en comparaison avec la même période en 2015, Marrakech est restée stable en termes de nuitées, tandis qu'Agadir a accusé une baisse de 1%.
Les autres destinations ont également affiché des résultats contrastés, en particulier la ville de Fès qui a enregistré l'une des baisses les plus importantes avec 21% de nuitées en moins. De même, les nuitées enregistrées à Rabat et Ouarzazate se sont inscrites en recul de 7 et 8%.Casablanca, en revanche, à bouclé les 4 premiers mois sur une hausse de 4%. Quant à Tanger, elle a réalisé une performance positive de 10%.
Dans le même sillage, le taux d'occupation, à fin avril 2016, ne fait guère plus d'étincelles, enregistrant une baisse de 3 points par rapport à la même période en 2015, pour se situer à seulement 37%. À ce titre, l'Office des Changes souligne, pour sa part, que les recettes générées par l'activité touristique des non résidents ont atteint 16,936 milliards DH durant les 4 premiers mois de 2016, contre 15,889 milliards DH en 2015, soit une augmentation conséquente de 6,6%.
Concernant les réalisation du seul mois d'avril 2016, les chiffres démontrent que le Maroc a du mal à contourner et dépasser le sentiment d'insécurité que laisse planer l'État islamique dans le monde arabe en général, et l'Afrique du nord en particulier. Ainsi, bien qu'étant loin de toute menace, la destination Maroc fait les frais de cette inquiétude. En chiffres, cela se traduit par un nombre d'arrivées de touristes au poste-frontières en baisse de 1,4% par rapport à 2014.