Maîtriser l’inflation tout en soutenant la croissance : telle est l’équation que devra résoudre le Conseil de Bank Al-Maghrib qui se réunira demain mardi 21 mars, pour décider du resserrement, ou pas, de la politique monétaire, après deux hausses successives du taux directeur qui se situe aujourd’hui à 2,5%.
Interrogé par Le360, Ahmed Azirar, économiste et directeur de recherche à l’Institut marocain d’intelligence stratégique (IMIS) table plutôt sur un assouplissement de la politique monétaire, redue possible notamment par la baisse de l’inflation importée.
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«La conjoncture économique est en train de s’améliorer. L’inflation transmise de l’extérieur recule, et les prix des intrants industriels et de l’énergie ont baissé. La pluviométrie s’est également améliorée. Nous pourrons donc imaginer que Bank-Al Maghrib puisse faire un geste en faveur de la croissance, afin de réduire les taux débiteurs et soutenir le financement des entreprises», explique-t-il.
Et d’ajouter: «Un mix entre la politique monétaire et la politique budgétaire est toujours nécessaire pour lutter de manière efficace contre les dérèglements qui peuvent intervenir, en particulier l’inflation. Il faut aussi donner du temps au temps pour observer l’impact des politiques adoptées auparavant, notamment les deux dernières hausses du taux directeur».
CDG capital table sur une hausse à 3%
Du côté des analystes de CDG Capital, on anticipe plutôt un resserrement de la politique monétaire, avec une hausse du taux directeur à 3%. «Tenant compte de l’ensemble de ses évolutions et perspectives et de la forte volonté de Bank Al-Maghrib de maintenir l’ancrage des anticipations d’inflation, nous pensons qu’il est plus probable que le Conseil de Bank Al-Maghrib augmente, pour la troisième fois consécutive, le taux directeur, avec une nouvelle hausse prévue de 50 points», souligne la dernière note d’analyse de CDG Capital Insight.
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Cette prévision est motivée par la poursuite du resserrement des politiques monétaires, adoptées par la quasi-majorité des Banques centrales au niveau international. Et pour cause, la persistance des dérapages inflationnistes, alimentaires et non alimentaires, impactant aussi bien la composante globale que sous-jacente, laissent présager une durabilité de l’inflation.
L’analyse de CDG Capital évoque également la forte reprise des crédits, malgré la hausse à deux reprises du taux directeur. Elle pointe en outre la poursuite de l’accélération de la masse monétaire et les perspectives favorables de la croissance économique en 2023, compte tenu d’une campagne agricole prometteuse.
Le marché financier anticipe un resserrement
Une enquête d’Attijari Global Research (AGR) va dans le même sens. Réalisée auprès d’un échantillon de 35 acteurs, considérés parmi les plus influents du marché financier marocain, elle fait ressortir un consensus en faveur d’une hausse du taux directeur de Bank Al-Maghrib.
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Sur la base des réponses obtenues, la probabilité d’une hausse du taux directeur de 50 points de base est de 50%, contre une probabilité de 39% pour un relèvement du taux directeur de 25 points. En face, la probabilité d’une stabilité du taux est de seulement 8%, contre 3% pour une hausse de 100 points de base. À l’analyse des réponses obtenues par catégorie d’investisseurs, 62% des institutionnels locaux anticipent une hausse de 50% du taux directeur alors que 44% des acteurs de référence tablent sur une hausse de 25%.
Rappelons que lors de sa dernière réunion, le 20 décembre 2022, le Conseil de Bank Al-Maghrib avait décidé de relever le taux directeur de 50 points de base, à 2,50%, afin de «prévenir tout désancrage des anticipations d’inflation et favoriser le retour de l’inflation à des taux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix».