Tabacs: la difficile normalisation du secteur

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Revue de presseKiosque360. Le gouvernement vient de déterrer le projet de normalisation du secteur des tabacs. Même s'il semble décidé à aller au bout, il devra cependant faire avec nombre de contraintes.

Le 26/05/2019 à 21h07

Les pouvoirs publics ont-ils enfin pris conscience de la nécessité de s’attaquer au dossier de la normalisation dans le secteur des tabacs, après la publication d’études montrant que 96% des cigarettes vendues dans le royaume sont hors normes. C’est en tout cas ce que croit savoir l’Economiste qui, dans son numéro du lundi 27 mai, écrit que le ministère des Affaires générales aurait déterré le projet de normalisation après un long black out sur le sujet.

La même source rapporte que les consultations a cet effet ont démarré et que le ministère semble plus que jamais décidé à aller jusqu’au bout de ce chantier. Cependant, la mission est loin d’être aisée. Et pour cause, le gouvernement, en enclenchant ce projet, vient de se rendre compte de l’existence de deux écueils majeurs pour la mise en place de la norme 10-1-10 qui fixe les taux de concentration de goudron, de nicotine et de monoxyde de carbone dans chaque cigarette.

Selon le journal, le premier est d’ordre purement législatif. Un des articles de la loi relative à l’interdiction de la cigarette dans les lieux publics ne traite que deux des trois composantes prévues par la norme, à savoir le goudron et la nicotine. De ce fait, toute normalisation doit être précédée par un amendement de cet article pour y introduire le monoxyde de carbone, ce qui risque naturellement de prendre du temps à cause du circuit législatif.

Le deuxième obstacle cité par l’Economiste concerne la forte concentration du marché sur les tabacs à forte teneur en goudron. 71% des cigarettes au Maroc contiennent 14 mg de goudron et émanent de deux opérateurs principalement, à savoir SMT et JTI. Une baisse drastique de ce taux risque d’affecter considérablement les habitudes de consommation et une chute impacterait lourdement les recettes fiscales.

Bien entendu, en plus de ces deux écueils, il faudrait aussi compter avec le fort loobying des opérateurs qui feraient tout pour que toute normalisation ne nuise pas à leurs affaires.

Par Fayza Senhaji
Le 26/05/2019 à 21h07