Sport business, un levier économique à réveiller

Aziz Daouda.. khadija Sabbar / Le360

Revue de presseL’économie du sport représente aujourd’hui 1,56% du PIB marocain, mais selon la Banque mondiale, ce chiffre pourrait plus que doubler. Entre création d’emplois, formation de talents et opportunités liées aux grands événements sportifs, experts et acteurs du secteur appellent à lever les freins législatifs et fiscaux pour transformer le sport en véritable moteur de croissance et de bien-être pour le pays. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Eco.

Le 30/10/2025 à 22h31

L’économie du sport au Maroc représente aujourd’hui environ 1,56% du produit intérieur brut, soit près de 21,18 milliards de dirhams. Pourtant, selon la Banque mondiale, ce chiffre pourrait doubler pour dépasser les 3% si le potentiel du secteur était pleinement exploité, relève le quotidien Les Inspirations Eco. C’est ce qu’a souligné Aziz Daouda, expert en activité physique et sport, lors de l’étape d’Agadir de la caravane des «500 Global», où a été organisée une conférence-débat en parallèle de la présentation des résultats de l’édition 2025 de ce palmarès. L’événement a mis en lumière les perspectives offertes par des événements sportifs majeurs, comme la Coupe du Monde 2030, qui pourraient constituer des opportunités stratégiques pour les grandes entreprises marocaines.

Pour Aziz Daouda, le développement du sport dépasse le simple cadre du loisir. Il met en avant le rôle de la formation et de l’émergence d’un personnel qualifié, notamment dans les métiers liés au sport. Le secteur privé, selon lui, a une place à jouer comparable à celle qu’il occupe dans d’autres domaines stratégiques tels que l’enseignement ou la santé, lit-on. À travers ces différentes dynamiques, le sport se positionne comme un véritable moteur économique, capable de générer richesse et emplois. L’expert a souligné que, au-delà de sa dimension ludique ou compétitive, le sport représente un levier puissant pour la croissance des territoires et pour l’investissement privé.

Pour concrétiser ce potentiel, Aziz Daouda insiste sur la nécessité de réviser la loi 30.09 relative à l’éducation physique et au sport, adoptée en 2009, ainsi que sur l’importance d’alléger le cadre fiscal afin de stimuler l’investissement privé, écrit Les Inspirations Eco. Ces mesures pourraient s’inscrire dans la continuité des investissements massifs et des projets d’infrastructures prévus pour la Coupe d’Afrique des Nations 2025 et la Coupe du Monde 2030, qui représentent autant de catalyseurs pour l’économie nationale et le tourisme sportif.

L’analyse du marché sportif marocain révèle des secteurs en pleine croissance. Le commerce des articles de sport, par exemple, constitue un marché de 3,77 milliards de dirhams et représente 31% des emplois du secteur privé. Les clubs et salles de sport ont, pour leur part, généré un chiffre d’affaires cumulé de 604 millions de dirhams en 2022, enregistrant une croissance annuelle de 25%. Le football professionnel, avec la Botola Pro, mobilise un budget de 879 millions de dirhams et assure 12% des emplois sportifs, bien que ces chiffres restent modestes comparés aux standards internationaux. Dans le monde, le marché du football est estimé à 59,1 milliards de dollars en 2025, avec les revenus des clubs professionnels évalués à 38 milliards de dollars.

Aziz Daouda insiste sur l’importance de distinguer les activités physiques, centrées sur la santé et le bien-être, du sport de compétition, qui exige des performances élevées. L’investissement et les politiques publiques doivent cibler ces segments de manière différenciée pour combler les déficits identifiés, notamment en matière de formation et de personnel qualifié. Actuellement, les formations universitaires les plus demandées en France dans le domaine du sport concernent l’activité physique et le bien-être, un secteur où le Maroc accuse un retard important.

Au-delà de l’économie, le sport constitue une réponse aux défis sociaux et sanitaires du pays. L’Organisation mondiale de la santé estime qu’un dollar investi dans le sport et l’activité physique permet d’économiser trois dollars en santé publique. Pourtant, la situation sanitaire reste préoccupante: 59% de la population marocaine est en surpoids et 24% souffre d’obésité. La pratique sportive contribue également à l’éducation et au développement cognitif, avec un gain moyen de 0,4 point sur la moyenne scolaire et jusqu’à 13% d’amélioration de la concentration chez l’enfant. Le principal obstacle demeure le déficit de pratique sportive: le Maroc ne compte que 350.000 licenciés pour un potentiel estimé à plus de six millions de personnes, un écart accentué par un cadre législatif jugé peu incitatif.

Par La Rédaction
Le 30/10/2025 à 22h31