Retraites: vers une faillite programmée

Les sièges de la CNSS, la CMR et le RCAR.

Revue de presseAlors que le débat sur les retraites s’enlise depuis des années, les derniers chiffres du Rapport sur la Stabilité Financière 2024 dressent un constat alarmant. Le système actuel, miné par des déséquilibres structurels et une démographie défavorable, court à la catastrophe si des réformes profondes ne sont pas engagées rapidement. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Eco.

Le 06/08/2025 à 19h15

La sonnette d’alarme retentit une nouvelle fois. Le rapport 2024 de Bank Al-Maghrib, de l’ACAPS et de l’AMMC sur la stabilité financière met à nu les fragilités persistantes du système marocain des retraites. Malgré une embellie passagère due à la revalorisation des salaires dans le sillage du dialogue social du 29 avril 2024, les déséquilibres structurels continuent de se creuser, relate le quotidien Les Inspirations Eco dans son édition du 7 août.

Les régimes de base, aussi bien publics que privés, peinent à assurer leur viabilité à long terme. Le régime général de la CNSS, qui couvre la majorité des salariés du secteur privé, présente encore un solde global positif sur la branche long terme. Mais ce répit est qualifié d’«illusoire» par les experts, en raison notamment de la sous-tarification des droits et de l’assouplissement excessif des conditions d’accès à la pension, qui fragilisent son équilibre financier.«Les projections sont pour le moins inquiétantes», souligne le quotidien.

Sans réforme structurelle, les réserves de la CNSS pourraient être épuisées dès 2027. Quant au Régime des Pensions Civiles (RPC), géré par la CMR, son extinction est annoncée pour 2036. À l’horizon 2050, les déficits cumulés des deux principaux régimes pourraient atteindre plus de 200 milliards de dirhams, soit 3,3% du PIB. «Un gouffre budgétaire qui pourrait mettre en péril les finances publiques du Royaume», écrit Les Inspirations Eco.

L’impasse actuelle s’explique aussi par des paramètres obsolètes: vieillissement accéléré de la population active, âge de départ à la retraite non ajusté, taux de remplacement trop généreux dans le public (jusqu’à 70%), et une couverture encore largement incomplète. Sur les 13 millions d’actifs au Maroc, près de 11 millions ne sont affiliés à aucun régime de retraite, soit seulement 16% de couverture globale. Face à l’ampleur du défi, les autorités ont annoncé une réforme systémique fondée sur la création de deux pôles: un public et un privé.

Cette orientation a été entérinée lors du dialogue social d’avril 2024, mais elle peine à se concrétiser. Le rapport insiste sur l’urgence de l’action, sous peine de voir cette bombe à retardement devenir un risque systémique. «La viabilité à long terme des régimes de retraite n’a connu aucune amélioration significative», soulignent les auteurs du rapport. Et «chaque année de retard rend la réforme plus coûteuse, pour les actifs comme pour l’État».

Le statu quo n’est plus tenable. Plus le Maroc attend, plus la facture sociale et budgétaire s’alourdit. Le système actuel, incapable d’absorber les futurs chocs démographiques et économiques, doit être profondément repensé.

Par La Rédaction
Le 06/08/2025 à 19h15