Dans un rapport intitulé "Maroc et Chine: où en sommes-nous dans le partenariat?", François Jurd de Girancourt, Directeur Associé de McKinsey & Company en Afrique et Irene Yuan Sun, Associate-Partner chez McKinsey & Company aux Etats-Unis, examinent la relation naissante entre la Chine et le Maroc, et partagent leurs points de vue sur les relations sino-marocaines.
Les deux auteurs notent les différentes initiatives opérées entre le Maroc et la Chine, et l'intérêt grandissant des deux pays depuis le partenariat stratégique convenu en 2016 suite au déplacement du roi Mohammed VI en Chine.
Cette visite avait conduit à l’adhésion officielle du Maroc à la BRI (Belt and Road Initiative, la nouvelle Route de la soie) en 2017, et à une série d'accords et de conventions, tels que l'exemption de visas pour les touristes chinois se rendant au Maroc, la conclusion de plusieurs partenariats industriels, ainsi que la construction prévue d’une ville industrielle près de Tanger par l’entreprise chinoise CCCC (China Communication Construction Company).
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Pour réussir à développer plus avant les relations sino-marocaines, les deux consultants de McKinsey appellent le royaume à prendre des mesures visant à faire participer le gouvernement et les investisseurs chinois à l’élaboration d’accords de transfert de technologie et à la création de programmes conjoints.
Ces analystes orientent leurs préconisations vers le domaine agricole et invitent ainsi le Maroc à mettre en place des outils d'analyse permettant de déterminer les exportations agricoles marocaines adaptées au marché chinois, ainsi que des mesures pratiques à adopter pour encourager les exportations agricoles vers ce pays.
«En 2017, le Maroc a exporté 2 milliards de dollars de produits agricoles, mais seulement 0,2% de cette valeur a été exportée sur le marché chinois», indique le cabinet McKinsey dans ce rapport.
Par ailleurs, les deux économistes rappellent que les IDE chinois au Maroc ont fortement augmenté depuis la visite du roi Mohammed VI en 2016.
Et une année plus tard, en 2017, le Maroc a reçu 90 millions USD en IDE en provenance de Chine, soit le double des flux d'IDE de 2015. Plusieurs entreprises chinoises ont d'ailleurs annoncé vouloir investir au Maroc, notamment des équipementiers automobiles.
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Concernant le nombre de touristes chinois, il a été multiplié par six en seulement deux ans depuis l'entrée en vigueur de l'exemption de visa en juin 2016. Cette croissance devrait d'ailleurs se poursuivre: le ministère marocain du Tourisme prévoit l'arrivée de 500.000 touristes chinois par an d'ici 2020, contre 120.000 en 2017. Le lancement attendu d'une liaison aérienne directe entre la Chine et le Maroc, d'ici la fin de l'année, et l'organisation d'événements culturels entre les deux pays laissent d'ailleurs présager de relations bilatérales croissantes.
"Le Maroc a des coûts de main-d'oeuvre concurrentiels, des infrastructures de transport relativement bonnes, et possède un statut commercial préférentiel avec l'Union européenne et les États-Unis. Le Maroc est aussi, dans une moindre mesure, perçu par la Chine comme une passerelle commerciale vers les pays d’Afrique de l’Ouest. Par ailleurs, les principales banques marocaines ont des réseaux africains pour accompagner les entreprises chinoises sur l’ensemble du continent", notent les auteurs de ce rapport McKinsey.
Cela étant, une question reste en suspens, selon les consultants de McKinsey: la relation Maroc-Chine pourra-t-elle être équilibrée? Une question primordiale, comme en atteste, du reste, le déséquilibre commercial actuel entre les deux pays.