Ahmed Rahhou prend les rênes du Conseil de la concurrence à un moment où ce dernier vit une situation de quasi-blocage, en lien avec la gestion très critiquée du dossier des soupçons d'ententes dans le secteur des hydrocarbures, et ce, malgré les prérogatives étendues que lui confère la législation.
Il aura donc pour première mission de remettre en marche la machine dudit Conseil dont l’image a pâti des divergences au sein de ses instances délibératives, sous le mandat du président sortant, le très controversé Driss Guerraoui.
Dans le communiqué du cabinet royal annonçant la nomination de Ahmed Rahhou ce lundi 22 mars 2021, quelques orientations devant guider l’action du nouveau président du Conseil de la concurrence sont déjà lisibles.
En effet, le souverain a donné ses instructions pour transmettre au Chef du gouvernement les recommandations de la commission ad hoc (chargée d’examiner les décisions prises dans l’affaire des hydrocarbures), en vue de remédier aux imprécisions du cadre légal actuel, renforcer l’impartialité et les capacités de cette institution constitutionnelle et conforter sa vocation d’instance indépendante contribuant au raffermissement de la bonne gouvernance, de l’Etat de droit dans le monde économique et de la protection du consommateur.
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Le choix de Rahhou pour mener à bien cette mission n’est assurément pas fortuit. Ce natif de Meknès, diplômé de l'école polytechnique (1980) et de l'Ecole nationale supérieure des télécommunications à Paris (1982), a derrière lui une vaste expérience qui touche plusieurs domaines (banque, industrie, etc). L'homme a toujours su marquer de son empreinte les différentes missions qui lui ont été confiées, aussi bien dans le secteur public que dans le privé.
Avant sa nomination à la tête du Conseil de la concurrence, Ahmed Rahhou a été, au tout début de sa carrière, responsable du service informatique chez Royal Air Maroc (1982-1985), puis directeur général adjoint du Crédit du Maroc. En mars 2003, il est devenu PDG de Lesieur Cristal, poste qu'il a occupé jusqu'à sa nomination en octobre 2009 à la tête du Crédit immobilier et hôtelier (CIH).
Sous sa présidence, la banque publique a complètement changé de modèle pour devenir, en quelques années, une référence dans son secteur d'activité, orientée vers l’avenir et très en avance par rapport à la concurrence sur le terrain de la transformation digitale.
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Lors de son court passage à la prestigieuse ambassade du Maroc auprès de l’Union européenne (il a été nommé en février 2019), Ahmed Rahhou a farouchement défendu les intérêts du Royaume et a contribué de manière significative au déblocage de certains dossiers majeurs, notamment celui de la conformité fiscale. Le 22 février dernier, le Maroc est d’ailleurs sorti définitivement de la fameuse liste grise des paradis fiscaux de l’Union européenne.
Dans l’une de ses rares sorties médiatiques, quelques heures seulement avant sa nouvelle nomination ce lundi 22 mars, Ahmed Rahhou a, depuis Bruxelles, lancé un appel pour une prise de position plus dynamique de l’Union européenne sur le Sahara marocain pour, dit-il, pouvoir aller de l’avant dans le cadre de la solution de l’autonomie.
Fort de cet amour qui le lie à son pays, Ahmed Rahhou ne manquera pas d’impressionner et de montrer qu’il est capable de relever le challenge de faire du Conseil de la concurrence une institution parfaitement indépendante et un véritable garant du libre jeu de la concurrence.