Pétrole: le français Total attaque Alger et la Sonatrach en justice

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Selon Le Monde, Total a déposé une requête auprès de la Cour internationale d’arbitrage contre l'Algérie et son entreprise pétrolière Sonatrach. Le groupe reproche à Alger un changement fiscal intervenu dans les années 2000 et qui a modifié unilatéralement les contrats passés avec la Sonatrach.

Le 02/07/2016 à 12h00

C’est un précédent qui risque de chambouler bien des choses dans le secteur pétrolier chez nos voisins algériens. Selon une information rapportée par le journal français Le Monde ce samedi 2 juillet, le groupe pétrolier Total a entamé une procédure judiciaire contre l’Algérie et sa compagnie pétrolière nationale Sonatrach.

Selon la même source, il est reproché à l’Algérie d’avoir rétroactivement «modifié à son avantage le partage des profits tirés du pétrole et du gaz». Cette affaire remonterait au milieu des années 2000 lorsqu’Alger avait revu sa fiscalité pétrolière dans le but de récupérer plus d’argent à travers les contrats conclus entre la Sonatrach et les entreprises pétrolières étrangères qui opéraient dans le pays.

Une requête aurait été déposée dans ce sens en mai dernier à Genève auprès de la Cour internationale d’arbitrage, qui dépend de la Chambre de commerce internationale.

Au delà des centaines de millions de dollars qu’espère récupérer Total et son partenaire dans ce recours, l’espagnol Repsol, cette affaire vient surtout corroborer ce que beaucoup rapportaient jusque-là sur une nouvelle détérioration des relations entre Alger et Paris.

Comme le rappelle Le Monde, Total traîne depuis des années l’image de bras armé de la diplomatie française. De même, souligne la même source, l’Etat français aurait été consulté avant le dépôt de la requête et il n’a pas fait valoir son droit de véto pour l’empêcher. C’est dire que l’Etat français cautionne le recours déposé par la société pétrolière Total.

Il reste maintenant à savoir si les autorités algériennes laisseront ce conflit atteindre un point de non retour. Il faut en effet rappeler qu’Alger avait vécu une situation comparable il y a quelques années lorsque plusieurs sociétés pétrolières étrangères avaient soit stoppé leurs investissements dans le pays pour protester contre la nouvelle fiscalité, soit avaient eu recours à des tribunaux d’arbitrage.

A l’époque, les pouvoirs publics alégriens ont préféré se mettre autour d’une table avec ces sociétés et négocier. En sera-t-il de même avec Total?

Par Younès Tantaoui
Le 02/07/2016 à 12h00