Afin de se prémunir de la propagation du nouveau coronavirus dans le royaume wahhabite, les autorités saoudiennes ont pris la décision de suspendre temporairement le pèlerinage de la Omra. Une décision qui prend de court les professionnels de ce tourisme.
Plusieurs voyagistes, contactés ce matin, sont encore dans le flou en ce qui concerne les réservations auprès de leur agence, après l’annonce de la suspension temporaire de l’entrée des pèlerins sur le terriotoire saoudien, pour se rendre à La Mecque.
La FNAVM appelle à ne pas céder à la panique. «C’est une décision souveraine, émanant d’un pays frère et ami. Aucun problème ne devrait se poser. Les voyages pourront être décalés. Nous allons prendre les mesures nécessaires pour faire face à cette situation provisoire», a indiqué Khalid Benazzouz, président de la FNAVM, joint au téléphone.
Toutefois, il est très probable que la durée de cette décision des autorités saoudiennes se prolonge. Les futurs pèlerins marocains qui ont déjà réglé la totalité de leurs frais de voyage (vols, séjour, taxes) seront-ils remboursés? Dans ce type de tourisme, de pèlerinage, l'habitude de contracter une police d'assurance n’est pas encore une habitude au Maroc, déplore le président de la FNAVM.
«Depuis très longtemps, nous avons demandé que soit mis en place une assurance voyages, comme dans tous les pays du monde, pour que le consommateur s’y retrouve, en cas de force majeure. Malheureusement, malgré les tentatives que nous avons entreprises avec Mondial assistance, personne n’a voulu en entendre parler», indique Mohamed Amal Karioun, ancien président de la FNAVM, qui explique que les voyagistes invoquent chacun un ensemble de raisons pour ne pas s'accorder sur une décision.
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Selon Mohamed Amal Karioun, plusieurs éléments expliquent ce retard, la première étant que les pèlerins considèrent souvent que mourir à La Mecque est leur voeu le plus cher. Mais selon le président de la FNAVM, «les autorités saoudiennes ont changé d'avis depuis que le pays est en difficultés financières et a décidé d'instaurer une taxe sur le chiffre d’affaires {généré par le tourisme de pèlerinage, Ndlr}. De leur côté, {les autorités de tutelle en charge du secteur des assurances} se sont opposées à ce que les agences de voyages soient des revendeurs de produits d’assurances. Sans oublier les compagnies d’assurances qui ne voulaient pas, ou ne savaient pas comment gérer ou mettre en place ce dossier».
L’ancien président de la FNAVM estime que la situation devient aujourd’hui énigmatique, au lendemain de cette décision prise par les autorités saoudiennes. Les pertes sur le chiffre d'affaires seront forcément conséquentes pour les agences de voyages, dont l’activité tourne exclusivement autour du tourisme de pèlerinage.
Ces opérateurs sont en effet obligés de payer à l’avance leurs prestataires (compagnies aériennes, transporteurs terrestres, hôtels, etc.), en puisant dans les sommes collectées chez les clients. Il faut compter en moyenne, pour chaque pèlerin, 15.000 à 30.000 dirhams de frais pour un pèlerinage de la Omra.
Les agents de voyages ne sont pas les seuls concernés par la décision des autorités saoudiennes. La suspension de la Omra toucherait également les tour-opérateurs saoudiens, les hôteliers, les transporteurs, en plus de ce nouvel entrant, les compagnies d'assurance saoudiennes pour une police d'assurance couvrant d'éventuels frais médicaux (chaque pèlerin est en effet tenu de payer 190 riyals saoudiens pour accéder à des soins médicaux).
De leur côté, les compagnies aériennes ne seront pas épargnées. Ces dernières années, outre Royal Air Maroc, les pèlerins marocains peuvent atterrir à Djeddah, pour se rendre à La Mecque, notamment à bord des avions d'Egypt Ait, de Turkish Airlines, d'Emirates ou encore d'Etihad.
Mohamed Amal Karioun estime que si une action commune entre les différents professionnels opérant dans ce segment du tourisme, celui du pèlerinage, celle-ci doit être avant tout à l'avantage des pèlerins.
«A toute chose malheur est bon. Il est temps de se mettre autour d’une table pour définir les rôles, les responsabilités et les actions à mener pour pouvoir solutionner ce genre de problème, en ce qui concerne l'ensemble du tourisme réceptif ou d’outgoing, qui inclut bien entendu ces voyages de pèlerinage», conclut l’ancien président de la FNAVM.