Les constats du ministre de l’Economie et des Finances, Nizar Baraka, sont sans appel. Contacté par Le360, il a répondu sans hésitation à la question de savoir comment en est-on arrivé là. C’est dans un discours de vérité qu’il reconnaît que les mesures prises avec l’augmentation des prix du carburant n’ont pas donné les résultats escomptés en raison du taux de changes qui a absorbé plus 4 milliards de DH sur les 5,7 d’économies visés initialement, ce qui a valu au Maroc une perte d’un point du PIB.
L’autre raison à la secousse ressentie dans les finances publiques est due au crédit report des investissements pour les années 2011 et 2012 qui ont atteint un niveau record de 18 milliards de DH. Le gouvernement s’est retrouvé ainsi dans une situation critique car dans l’incapacité de tenir le cap des 45 milliards de DH de prévisions en investissement. Seulement, ces investissements ne sont pas tous entamés. Plusieurs sont encore inscrits dans les écritures comptables. Le choix a été donc de maintenir les investissements en cours et de reporter le reste dans le souci de ‘‘se donner les moyens de les réaliser et surtout de laisser la marge au gouvernement pour pouvoir servir les entreprises (en majorité des PME marocaines) qui sont sur leur réalisation, d’être payées’’.
Une gestion ‘‘responsable’’
Dans son argumentaire, Nizar Baraka a répété plusieurs fois qu’il s’agit là d’une gestion ‘‘responsable’’ des finances publiques et de mesures d’urgences permettant d’éteindre le feu à la base avant qu’il ne soit trop tard. ‘‘Ce dérapage sur les crédits d’investissement a déjà coûté 0,4% du PIB et il fallait agir vite pour éviter le pire’’, a-t-il souligné. Pourtant, bien que les investissements reportés soient fictifs et qu’ils aient été décidé en concertation avec les leaders de la majorité, les mesures décidées par l’argentier du pays ont été fortement critiquées par l’opposition comme par la majorité. Plusieurs voix se sont élevées pour dire qu’il existe d’autres solutions et d’autres pistes que celle de la coupe dans les investissements, symbole de croissance. Le ministre, imperturbable, reconnaît que les solutions trouvées ne sont pas les seules qui existent certes et que toutes les options soulignées et proposées par les uns et les autres sont valables sauf que leur effet ne sera pas immédiat, soulignant au passage, que les financements étrangers, dont notamment les fonds des pays du Golfe qui ont été injectés dans les caisses de l’Etat ne créent pas de PIB. Mais le plus important à relever dans la phase actuelle, est que les annonces faites et les décisions adoptées ne sont pas isolées. Elles s’inscrivent dans le cadre d’un plan d’urgence que le gouvernement a appelé plan de responsabilité économique que les équipes du ministère ont finalisé et dont les grandes lignes seront dévoilées incessamment.
Néanmoins, ce plan comme son nom l’indique est un plan d’urgence qui nécessite une mobilisation générale à tous les niveaux pour espérer atteindre les objectifs fixés. Donc pas de place à la surenchère politique et à la récupération politique de la crise. Il en va de l’avenir de l’entreprise Maroc et de sa crédibilité nationale, régionale et internationale. ‘‘Seul le sérieux budgétaire permet de renforcer la crédibilité du pays aux yeux des investisseurs nationaux et étrangers et rassurer les organismes financiers internationaux’’, martèle le ministre. Et d’ajouter : ‘‘Nous voulons réaliser une croissance forte et solidaire dans le cadre de la maîtrise des équilibres fondamentaux et avec une réduction du déficit budgétaire à 3% du PIB à l’horizon 2016’’.