Métier par métier, le Maroc ajuste sa compétitivité

Les métiers mondiaux du Maroc, automobile, aéronautique, agro-industrie, énergies et tourisme demeurent le moteur du développement de l’économie nationale.

Revue de presseAlors que l’économie marocaine traverse une phase de mutation stratégique, les secteurs exportateurs ne progressent pas tous au même rythme. Si les «économies marocaines» du Royaume confirment leur rôle de levier de croissance, des fragilités persistent, entre transitions industrielles, tensions d’approvisionnement et nécessité d’innovation. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien L’Économiste.

Le 04/08/2025 à 20h56

L’économie marocaine donne aujourd’hui à voir un paysage sectoriel contrasté. Portée par une vision de long terme visant à positionner le pays comme un hub industriel et énergétique régional, elle avance à plusieurs vitesses. Les métiers mondiaux du Maroc (automobile, aéronautique, agro-industrie, énergies et tourisme) en demeurent les piliers, soutenus par une politique proactive et un cadre incitatif.

Mais les dernières statistiques de l’Office des changes et les analyses de l’OCDE révèlent aussi des tensions structurelles et des signes d’essoufflement dans certains compartiments, écrit le quotidien L’Économiste dans son édition du mardi 5 août.

Historiquement locomotive des exportations, le secteur automobile marque le pas. À fin juin 2025, les exportations ont reculé de 3,6%, s’établissant à 77,6 milliards de dirhams contre 80,49 milliards un an plus tôt. Cette baisse est essentiellement due au segment de la construction automobile, en chute libre de 15,3%. Mais d’autres segments résistent mieux, à l’image du câblage (+3,5%), des intérieurs véhicules (+8,1%) et du powertrain (+7,1%).

Selon le quotidien, cette situation reflète à la fois un ajustement conjoncturel et les limites d’un modèle encore dépendant des chaînes de valeur internationales. Pour maintenir son avance, l’industrie doit accélérer sa montée en gamme technologique, notamment dans l’électromobilité, un axe stratégique évoqué par les projections de l’OCDE.

Moins exposée aux soubresauts conjoncturels, l’aéronautique marocaine s’offre une belle ascension. Le secteur enregistre une croissance de 8,8%, atteignant 14,13 milliards de dirhams. Deux segments en particulier tirent cette performance : l’assemblage aéronautique (+8,6%) et les systèmes de câblage électrique (+9,6%). Le Royaume confirme ainsi son statut de plateforme régionale de sous-traitance aéronautique, capable d’attirer des investissements directs étrangers en forte hausse.

«Les importations énergétiques reculent de 7,4%, à 53,04 milliards de dirhams, portées par la baisse des cours du gasoil et du fuel-oil», note L’Économiste. Plus révélateur encore, la hausse spectaculaire de +95,4% des importations d’électricité, qui pourrait traduire une intensification des investissements dans les énergies renouvelables, bien que les chiffres restent à détailler. Un signal que la transition énergétique commence à s’inscrire dans les comptes extérieurs.

Les exportations agroalimentaires progressent de 3,2%, pour atteindre 48,5 milliards de dirhams. Une hausse soutenue par les branches agricoles (+10,3%), mais freinée par le repli de l’industrie alimentaire (-4,4%). Ce déséquilibre met en lumière la fragilité de la transformation locale, toujours très dépendante des matières premières importées. L’évolution des importations (hausse du café de +59,4%, baisse du blé de -6%) illustre également les tensions d’ajustement face aux aléas mondiaux.

Avec des recettes en hausse de 9,6% atteignant 53,96 milliards de dirhams, le tourisme confirme son rebond. Le solde positif de la balance voyages atteint 38,46 milliards de dirhams, en progression de 10,2%. Le Maroc profite ici d’une conjoncture internationale favorable et d’une politique de diversification de l’offre. Selon l’OCDE, le secteur est bien parti pour battre de nouveaux records en matière d’arrivées touristiques.

Les investissements directs étrangers atteignent 25,5 milliards de dirhams (+28%) en recettes, avec un flux net record de +59%, à 16,8 milliards. Cette dynamique traduit la confiance renouvelée des investisseurs, notamment dans les filières stratégiques: automobile, aéronautique, infrastructures et énergies propres. De nouveaux projets industriels entrent en phase opérationnelle, renforçant la production nationale.

Le tableau n’est pas exempt de zones grises. Le textile recule de 4%, l’électronique de 7,8%, et le déficit commercial s’alourdit, atteignant -161,9 milliards de dirhams, en hausse de 18,4%. Le taux de couverture des importations par les exportations chute à 59,3 %. Ces chiffres traduisent une vulnérabilité persistante face aux déséquilibres extérieurs.

Si les politiques publiques, à l’image de la nouvelle charte de l’investissement, visent à soutenir la transformation structurelle de l’économie, la conjoncture internationale reste un facteur de risque. L’OCDE alerte d’ailleurs sur les effets possibles d’un durcissement du commerce mondial, qui pourrait freiner la demande externe et réduire l’appétit des investisseurs.

Le Maroc avance sur une ligne de crête: ambition industrielle d’un côté, résilience économique de l’autre. Si les métiers mondiaux restent le socle de la compétitivité nationale, leur succès à long terme dépendra d’un double pari: l’innovation technologique et la sécurisation des chaînes d’approvisionnement.

Par La Rédaction
Le 04/08/2025 à 20h56