Maroc-Turquie: quelle marge de manœuvre pour le Maroc dans la renégociation de l’ALE?

Le ministre de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique, Moulay Hafid Elalamy, et la ministre turque du Commerce, Ruhsar Pekcan.

Le ministre de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique, Moulay Hafid Elalamy, et la ministre turque du Commerce, Ruhsar Pekcan. . DR

Revue de presseKiosque360. L’accord de libre-échange (ALE) avec la Turquie est sur la sellette depuis plusieurs semaines. Même si la Turquie a récemment accepté l’idée d’une renégociation, quelle est la marge de manœuvre du Maroc?

Le 13/02/2020 à 22h43

19 milliards de DH, c’est le déficit de la balance commerciale Maroc-Turquie, souligne La Vie Eco dans sa publication en kiosque ce vendredi, ajoutant que cette situation a engendré des pertes d’emplois en dizaines de milliers, notamment dans le textile, et bien d’autres secteurs à cause des importations massives. Au point où l’AMITH a dû demander au ministère de l’Industrie, du commerce, des nouvelles technologies et de l’économie numérique de rétablir les droits de douane sur les importations de textile turc.

Ainsi, depuis janvier 2020, des droits d’importation de 30% sont imposés sur les produits finis textile venant de Turquie. Le journal indique que le Maroc veut un échange commercial plus équilibré, volumineux et qualitatif entre les deux pays, ajoutant que le royaume espère aussi attirer des investissements turcs dans le secteur industriel.

Mais le Maroc a-t-il les reins assez solides pour arrêter cette hémorragie et renverser la vapeur? s’interroge La Vie Eco. Pour le moment, on sait que la Turquie a accepté de renégocier l’ALE et d’engager d’importants investissements au Maroc. «Le Maroc ne dispose pas aujourd’hui d’une capacité de production structurée et forte capable de fournir le marché local. Et pour cause, les chaînes de production actuelles tournent déjà à plein régime pour la sous-traitance. Il faudra donc implanter des usines, renforcer l’amont à travers la création de nouvelles entreprises de tissage et filature et créer des marques marocaines fortes», analyse un professionnel, cité par La Vie Eco.

Pour de nombreux experts de la question, les opérateurs marocains ont aussi fort à faire pour booster leur compétitivité face à la concurrence. Le journal explique que l’exemple des magasins turcs BIM au Maroc est révélateur, dans la mesure où cette enseigne tue le commerce local. «L’Etat doit ouvrir de grands chantiers et pousser les industriels à fournir le marché local et l’Afrique. Nous avons longtemps considéré, à tort, le marché local comme un marché de premier prix alors qu’il privilégie le bon rapport qualité-prix. D’où le succès des produits turcs», conclut une source du journal.

Par Ismail Benbaba
Le 13/02/2020 à 22h43