L’Office des changes a introduit, le 5 décembre 2025, un changement discret mais structurant dans le fonctionnement du marché du change manuel, avec la publication de la circulaire n°3/2025. Cette nouvelle réglementation élargit les moyens de paiement autorisés pour les opérateurs agréés et inscrit leurs activités dans un cadre modernisé. Selon l’institution, il ne s’agit pas d’une simple mise à jour administrative, mais d’une étape significative vers un marché du change plus sécurisé, plus traçable et mieux aligné sur les standards internationaux.
«La principale innovation concerne l’acceptation des cartes bancaires internationales par les bureaux de change pour les opérations d’achat de devises», écrit le quotidien L’Economiste dans son édition du mercredi 10 décembre. Jusqu’à présent, la quasi-totalité de ces transactions reposait sur la circulation d’espèces, ce qui impliquait des manipulations importantes de liquidités et exposait les opérateurs à divers risques. Désormais, touristes, Marocains résidant à l’étranger et voyageurs d’affaires pourront régler leurs achats de devises par carte, réduisant ainsi la dépendance au cash et facilitant la fluidité des échanges. Cette transition vers le paiement électronique représente un véritable tournant, ouvrant la voie à une traçabilité renforcée des flux financiers.
«L’Office des changes prévoit également la remise de cartes de paiement préchargées en dirhams comme alternative aux billets lors de la vente de devises», note L’Economiste. Cette mesure, largement utilisée à l’international pour diminuer les risques liés à la circulation d’espèces, offre aux clients une solution plus sécurisante tout en modernisant les pratiques opérationnelles. Elle s’inscrit dans une logique de rationalisation des échanges et de réduction des risques, en conciliant sécurité et efficacité.
La circulaire encadre toutefois ces nouveautés de manière stricte. Toutes les opérations doivent se conformer aux exigences de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Les opérateurs devront établir une convention de tierce introduction avec leur banque, conformément à la recommandation 17 du GAFI, et appliquer les mêmes règles de vigilance que les établissements bancaires. Chaque transaction devra être consignée sur un bordereau remis obligatoirement au client, afin de garantir la transparence des flux financiers.
«Cette réforme illustre la volonté de l’Office des changes d’accompagner l’évolution rapide des usages financiers», affirme L’Economiste. Dans un contexte où la digitalisation progresse plus vite que les normes, l’objectif est d’adapter le cadre réglementaire pour sécuriser des pratiques déjà en expansion et renforcer la compétitivité des opérateurs face aux standards internationaux. Pour un pays accueillant un flux touristique important, rester en marge de ces évolutions n’était plus envisageable. La circulaire, entrée en vigueur dès sa signature, inaugure ainsi une nouvelle phase dans la modernisation d’un secteur longtemps perçu comme figé et prépare le terrain à une pratique du change pleinement intégrée aux exigences d’une économie ouverte.








