Il fallait s'y attendre. Selon des sources bien informées, Maghreb Steel arrêtera bientôt ses activités de manière définitive. Et c'est l'un des fleurons de l'industrie du Maroc qui met la clé sous la porte. Une fermeture qui ne sera pas sans effets sur le secteur, et en particulier sur l'économie nationale, puisque Maghreb Steel est la seule société de production d'acier plat au Maroc. A qui la faute ? Force est de constater que les appels lancés à plusieurs reprises par le management de Maghreb Steel au gouvernement Benkirane sont tombés dans les oreilles de sourds.
Une bouteille à la mer
Depuis novembre 2012, la société n'a pas cessé d'alerter le ministère de l'Industrie et du commerce à son sujet. Se déclarant victime de dumping en raison de l'augmentation exponentielle des importations de tôle galvanisée et laminée à froid, Maghreb Steel avait demandé au département de Abdelkader Amara de se prononcer "le plus tôt possible pour l’application des droits additionnels en la matière". Une enquête avait pourtant été ouverte par le ministère confirmant les inquiétudes de l'opérateur marocain : entre 2011 et 2012, les importations des deux produits venus de la Turquie et de certains pays de l’Union européenne tels que l’Espagne, l’Italie, la Belgique et les Pays-Bas, ont augmenté respectivement de 225% et de 238%, soit le triple ! Une hausse qui influe directement sur l'activité de l'industriel marocain qui a vu son chiffre d'affaire baisser en flèche, s'attendant à une moisson bien faible pour l'exercice 2013. Maghreb Steel a dû renflouer la caisse à coup de crédits bancaires et de réinjection de fonds auprès des actionnaires afin de sortir la tête de l'eau. Un pansement sur un plaie béante. Selon nos informations, l'entreprise a engagé un investissement global de 10 milliards de DH.
"Combien de temps allons-nous encore tenir ?", s'interrogeait le top management de l'entreprise en début de ce mois face au retard du gouvernement pour prendre des mesures antidumping. C'est à cette même période que l'entreprise a révélé le licenciement de 350 employés sur un total de 2.000. Une annonce suite à laquelle le top management est monté une fois de plus au créneau et a appelé le ministère de tutelle à faire le nécessaire. Force est de constater que le gouvernement est resté immobile. Nous avons essayé de joindre à plusieurs reprises Abdelkader Amara, ministre de l'Industrie et du commerce, mais sans succès. La fermeture de Maghreb Steel est jugée catastrophique dans le milieu industriel. C'est un très mauvais signal adressé par le gouvernement Benkirane à la communauté des affaires et aux investisseurs.