Chaque publication de résultat de Maghreb Steel livre son lot de surprises. En attendant de communiquer sur les résultats définitifs de 2014, le spécialiste de l’acier diffuse un avertissement sur son résultat. Non seulement le résultat 2014 devrait être déficitaire, mais la perte enregistrée cette année sera beaucoup plus importante que pour l’exercice précédent. Cela signifie que l’année 2014 a été clôturée avec un déficit supérieur aux 561 millions de dirhams de pertes enregistrées en 2013. La situation ne cesse de se dégrade visiblement, puisque, durant l’année 2012, la société avait enregistré une perte supérieure à 424 millions de dirhams. En somme, en trois ans, les pertes cumulées sont de l’ordre de 1,6 milliard de dirhams. Et, depuis le début de son programme d’investissement, le total des pertes devrait avoisiner 1,9 milliard de dirhams.
Un endettement trop lourdFinalement, peu de choses fonctionnent avec Maghreb Steel: ni le plan de redressement convenu entre les actionnaires et les créanciers, ni les mesures de sauvegarde prises par le ministère du Commerce pour limiter les importations d’acier plat en provenance de l’Union Européenne et de la Turquie. Au premier semestre, tout le monde sentait la chose venir. Cet unique producteur d’acier plat au Maroc avait affiché une perte de 255 millions de dirhams, soit le même montant qu’en 2013 pour la même période. Et côté endettement, ce n’est guère mieux. La dette à long terme était de 3,29 milliards de dirhams. Ce montant, les banques et les autres créanciers attendent vainement d’en récupérer une partie. Mais la société va de rééchelonnement en rééchelonnement. De sorte qu’à chaque échéance, la somme augmente fatalement. Les fournisseurs, le Fisc et les autres créanciers à court terme ne sont pas mieux lotis. Maghreb Steel leur devait, au 30 juin 2014, près de 1,2 milliard de dirhams, ce qui porte la dette totale de l’entreprise à 4,5 milliards de dirhams, soit près de deux ans de chiffres d’affaires. Alors que les capitaux propres, sous l’effet des pertes successives, n’étaient plus que de 755 millions de dirhams.
Ambition démesurée et contexte difficileEn fait, Maghreb Steel se portait bien jusqu’à la mise en service, en 2012, de sa nouvelle unité de production de Mohammedia, d’une capacité d’un million de tonnes. Par exemple, un an auparavant, en 2011, l’entreprise était bel et bien rentable, dégageant un bénéfice de 114 millions de dirhams, avec un chiffre d’affaires qui était passé de 1,8 à 2,6 milliards de dirhams, soit une croissance de 44%. La société s’endette entre 2007 et 2012 pour augmenter sa capacité de production et , surtout , anticiper la croissance du marché, alors perceptible dans ses chiffres. Les banques l’accompagnent naturellement. C’était sans compter avec le retour de manivelle du contexte international. Les cours de l’acier plat qui était de 1300 dollars en 2007 ont chuté pour atteindre 300 dollars seulement en l’espace de cinq années. Et l'année 2012 a été la plus terrible. Les importations d’acier plat ont atteint des sommets, contribuant à l’assommer davantage.