Porté par l’euphorie suscitée par la victoire des moins de vingt ans à la Coupe du monde de football, le gouvernement entend prolonger ce souffle sur le terrain économique en offrant au sport un cadre fiscal plus structuré et attractif. «Le projet de loi de finances 2026 (PLF 2026) se présente ainsi comme un véritable plan de professionnalisation des clubs, avec pour ambition de créer un écosystème capable de générer de la valeur ajoutée et d’attirer des investissements privés», indique le quotidien L’Economiste dans son édition du mercredi 22 octobre.
Jusqu’à présent, les sociétés sportives établies sous la loi 30-09 sur l’éducation physique et les sports bénéficiaient d’une exonération totale d’impôt sur les sociétés pendant cinq ans, sans que le point de départ de cette période ne soit clairement défini. Cette incertitude a freiné le développement d’un modèle pleinement professionnel, les clubs hésitant à structurer leurs activités face à des règles fiscales ambiguës. Le PLF 2026 corrige cette lacune en précisant que l’exonération commencera à partir de la première opération imposable et non du simple dépôt des statuts. «Une précision technique, mais cruciale, car les premières recettes tirées des droits télévisés ou de la billetterie peuvent mettre plusieurs saisons à se matérialiser», souligne L’Economiste.
Le texte introduit également une mesure symbolique forte. Les dons versés aux sociétés sportives deviennent désormais déductibles du résultat fiscal, dans la limite de 10% du bénéfice imposable et avec un plafond fixé à cinq millions de dirhams. Cette disposition poursuit un double objectif. D’une part, elle vise à stimuler le financement du sport professionnel, souvent tributaire de ressources limitées. D’autre part, elle ouvre aux entreprises une nouvelle forme de contribution sociale, sur le modèle des dispositifs de mécénat existants dans les secteurs de la culture ou de la recherche. À terme, elle pourrait favoriser la création de partenariats durables entre clubs et entreprises, stabilisant les finances des structures sportives et diversifiant leurs sources de revenus, explique L’Economiste.
Le projet de loi s’attaque aussi à un enjeu structurel majeur, soit la transition du modèle associatif vers celui de société. Jusqu’ici, les apports d’actifs d’une association à une société sportive n’étaient exonérés que s’ils étaient évalués à leur valeur comptable, limitant les partenariats avec des investisseurs privés. Le PLF 2026 étend cette exonération même lorsque l’apport est valorisé à la juste valeur de marché, permettant à une association de céder tout ou partie de son patrimoine (centre d’entraînement, licences, matériel) à une société sportive sans pénalité fiscale. «Si ces actifs sont ensuite revendus, la plus-value sera réintégrée dans le résultat fiscal de la société bénéficiaire, assurant la transparence du dispositif. Ces mesures traduisent un changement de paradigme», note L’Economiste. Le sport cesse d’être considéré comme une dépense pour devenir un véritable investissement économique.
En matière de TVA, le PLF 2026 offre une bouffée d’oxygène aux jeunes structures. L’exonération, initialement prévue jusqu’à fin 2024 et en vigueur depuis 2020, est prolongée jusqu’au 31 décembre 2030. De nombreuses sociétés sportives n’avaient pas pu en bénéficier pleinement en raison de l’insuffisance de leur activité imposable. Cette prolongation permet de soulager leur trésorerie et de consolider leur viabilité, à une époque où les charges d’exploitation restent lourdes pour des clubs encore fragiles.
Le projet de loi introduit enfin un régime d’abattement dégressif sur l’impôt sur le revenu pour les sportifs professionnels, entraîneurs et personnels techniques. Les revenus nets soumis à l’IR bénéficieront d’un abattement de 90 % en 2026, de 80 % en 2027, puis de 70% en 2028 et de 60% en 2029. L’objectif, est d’encourager la formalisation des contrats et la déclaration des revenus dans un secteur où l’informel reste très répandu. En réduisant la pression fiscale au départ, l’État mise sur une plus grande transparence et sur la sécurisation des carrières, tout en espérant que la formalisation progressive permettra d’accroître les recettes fiscales à moyen terme.








