Le Maroc, fer de lance de la mobilité électrique en Afrique

Le Royaume mise sur les véhicules électriques et hybrides pour transformer son parc automobile et devenir un hub africain de la mobilité durable d’ici 2030. . DR

Revue de presseEntre production locale en plein essor, investissements massifs et soutien public, le Maroc se positionne comme un acteur majeur de l’électromobilité sur le continent. Porté par des partenariats internationaux et une stratégie industrielle ambitieuse, le Royaume mise sur les véhicules électriques et hybrides pour transformer son parc automobile et devenir un hub africain de la mobilité durable d’ici 2030. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien L’Economiste.

Le 18/11/2025 à 20h03

Le Maroc s’affirme de plus en plus comme un acteur majeur de la mobilité électrique en Afrique. Selon une récente analyse de BMI-Fitch Solutions intitulée «Morocco EV Profile: ExpandingLocal EV Production To Support EV Adoption In 2026», reprise par le quotidien L’Economiste dans son édition du mercredi 19 novembre, le Royaume affiche des perspectives particulièrement optimistes pour son secteur des véhicules électriques en 2025 et 2026, portées par une double dynamique: l’arrivée sur le marché de modèles abordables, notamment en provenance de Chine, et une montée en puissance spectaculaire de la production locale.

La croissance du marché marocain de l’électromobilité devrait être rapide et soutenue. En 2025, les ventes de véhicules électriques particuliers pourraient bondir de 80,4%, pour atteindre 5.311 unités, faisant passer le taux de pénétration à 2,6% du marché national, contre 1,9% en 2024. «L’année suivante, cette croissance devrait se stabiliser à 36,3%, avec 7.237 véhicules vendus et une pénétration de 3,4%», écrit L’Economiste. Cette progression est particulièrement marquée pour les véhicules hybrides rechargeables, dont les ventes devraient augmenter de 46,8% en 2026, contre 30,1% pour les véhicules 100% électriques. Ces chiffres prolongent la tendance amorcée dès 2024, lorsque les véhicules hybrides rechargeables avaient déjà enregistré une hausse de 224% et les véhicules électriques purs de 143%, malgré un réseau de recharge encore limité en dehors des grandes villes.

L’essor du marché repose avant tout sur le développement de la production locale, considérée comme un levier stratégique pour la durabilité de la filière. En octobre 2025, Neo Motors, la première marque automobile 100% marocaine, a présenté la Dial-E, le premier véhicule électrique entièrement conçu, développé et assemblé dans le pays, avec un lancement de production prévu en janvier 2026. Parallèlement, Renault a renforcé son partenariat avec l’État marocain pour déployer une nouvelle gamme de véhicules électriques et hybrides «made in Morocco», créant plus de 7.500 emplois directs et indirects. Le constructeur produit déjà la Dacia Jogger PHEV depuis juillet 2024 et détenait l’année précédente une part de marché de 40,2% dans le segment des véhicules électriques. Autre signe fort de l’attractivité du Maroc, Tesla a annoncé en juin 2025 un investissement initial de 2,8 millions de dollars pour créer une usine d’assemblage à Kénitra, capable de produire 400.000 véhicules par an, avec un démarrage des travaux prévu en septembre.

«Le Royaume ne se limite pas à assembler des véhicules, il bâtit une véritable chaîne de valeur industrielle», relève L’Economiste. Ses importantes réserves de phosphate, matière première essentielle pour les batteries lithium-fer-phosphate, constituent un atout stratégique. Plusieurs investissements majeurs ont été réalisés, parmi lesquels le lancement en juin dernier par la coentreprise COBCO (Al Mada/CNGR) de la production de composants de batteries à Jorf Lasfar, Gotion High Tech, qui a investi 1,3 milliard de dollars pour deux gigafactories après un premier investissement de 6,4 milliards en 2023. Il y a également BTR New Material Group, qui a consacré 300 millions de dollars à une usine de cathodes en avril 2024, et Tinci Materials, qui a investi 286,9 millions de dollars dans une usine d’électrolytes. Ces initiatives positionnent le Maroc non seulement comme un producteur de véhicules mais également comme un futur hub africain pour les batteries.

«Cependant, des défis subsistent, notamment en matière d’infrastructure», souligne L’Economiste. Le réseau de recharge, qui comptait environ 1.000 points fin 2024, reste insuffisant en dehors des grandes agglomérations, freinant l’adoption des véhicules électriques. Le parc de véhicules utilitaires électriques reste marginal, avec moins de 100 unités, bien que les municipalités investissent progressivement dans l’électrification des bus urbains. Malgré cela, le parc total de véhicules électriques particuliers devrait passer de 11.011 unités en 2025 à 236.823 en 2034, représentant 4,8% du parc automobile national. Le Maroc s’est fixé l’objectif ambitieux que 60% de ses exportations automobiles soient électriques d’ici 2030, porté par une industrialisation ciblée, des partenariats internationaux et une vision énergétique alignée sur 80% d’énergies renouvelables d’ici 2050.

Le gouvernement marocain soutient activement ce développement par des mesures incitatives : exonération totale de TVA et de taxe de circulation, réduction de 80% des droits de douane, primes à l’achat pour les particuliers et les entreprises, ainsi que des réductions sur les primes d’assurance. L’arrivée de modèles compétitifs, comme ceux de BYD et Zeekr, renforce l’attractivité du marché, tandis que des segments émergents se dessinent à plus long terme, incluant le tourisme, les taxis, le covoiturage, les flottes d’entreprise et même l’hydrogène vert, avec un pipeline de projets totalisant 18 GW, le plus important d’Afrique.

Par La Rédaction
Le 18/11/2025 à 20h03