Au-delà du bras de fer diplomatique mené sur fond de conflit saharien, une «guerre» larvée oppose Rabat et Alger sur le front économique. «Le Maroc envisage sérieusement une alternative au gaz naturel algérien», relève Assabah, dans son édition de ce vendredi 1er mai. Sous ce titre hautement significatif : «Le Maroc se prépare à fermer ses frontières devant le gaz algérien», Assabah dévoile les termes du plan de riposte marocain aux menaces sourdes du maître-chanteur algérien. «Le géant russe Gazprom s’est engagé à assurer l’approvisionnement du royaume en gaz naturel liquéfié, en remplacement du gaz naturel algérien», dévoile le quotidien, qui rapporte les termes de l’entretien qui a eu lieu, pas plus tard que les 27 et 28 avril derniers, à Moscou, entre le ministre de l’Energie, Abdelkader Amara, et son homologue russe Alexandre Valentinovich.
Toujours selon Assabah, le ministre russe de l’Energie s’est engagé à accompagner les grands chantiers énergétiques du royaume, notamment le très ambitieux Plan de développement du Gaz naturel liquéfié (GNL). «Celui-ci prévoit, d’ici à 2020, des investissements estimés à 4,6 milliards de dollars avec notamment la création d’un terminal GNL à Jorf Lasfar», annonce la même source, en ajoutant que ce terminal nécessitera une alimentation en gaz, d’où cette discussion avec la Russie».
En s’approvisionnant en gaz russe, le Maroc aura porté un nouveau coup à l’Algérie, un de plus, en lui retirant la seule «arme » qui lui reste : le gaz. On ne «dépend» pas indéfiniment d’un voisin improbable, encore que le gaz naturel importé d’Algérie suffise à peine à faire tourner deux centrales électriques frontalières, en l’occurrence celles d’Aïn Béni Mathar et Tahaddart.
Mais voilà, la «pression» risque de changer de camp. Au cas où le Maroc réussirait à s’approvisionner auprès de Gazprom, premier producteur de gaz au monde, il aura non seulement assuré ses besoins en énergie mais aussi, par effet de retour, gagné une carte hautement stratégique. Le gaz exporté par l’Algérie vers l’Espagne passe bel et bien par le territoire marocain. Question, alors : le Maroc devrait-il fermer le gazoduc Algérie-Espagne ? Un scénario qui risquerait fort bien de compromettre un régime voisin qui ne vit que sur la rente énergétique : pétro et gazo-dollars compris.