Le gouvernement a accordé dès 2009 des quotas d'importation aux industriels marocains des secteurs de la biscuiterie, de la chocolaterie et de la confiserie. Ces quotas concernent quelques intrants comme le sucre, le blé tendre biscuitier, le lait en poudre écrémé et le lait en poudre entier. Quel a été l’impact de cette mesure sur la compétitivité des opérateurs?Effectivement, pour encourager la compétitivité de nos industries et faciliter leurs exportations, le gouvernement a accordé des quotas d'importation d’intrants aux industriels marocains des secteurs de la biscuiterie, de la chocolaterie et de la confiserie. C’est cela qui est en train d’être remis en cause aujourd’hui.
Cette incitation, appelée dans notre jargon, "mesure 53", qui rentre dans le cadre du Pacte national pour l'émergence industrielle, a plus ou moins permis de soutenir la compétitivité des industriels marocains.
Les chiffres le montrent: entre 2004 et 2015, le volume d'activité du secteur a cru à un rythme annuel moyen de 9%. Quant aux exportations, elles ont représenté en 2018 près de 650 millions de dirhams, et nous tablons sur une performance historique de 1 milliard de dirhams d’ici cinq ans. L’impact a donc été satisfaisant.
Quel est votre avis sur la dernière position de certains députés qui s’opposent à l’intégration de nouveaux intrants dans le cadre de cette mesure 53 et votre avis sur le projet de taxation des produits contenant du sucre?Remettons les choses dans leur contexte. Les secteurs de la biscuiterie, de la chocolaterie et de la confiserie ont signé avec l’État un contrat-programme en vue d’un investissement de 800 millions de dirhams sur cinq ans. Ce plan doit permettre de générer
3.000 emplois directs et plus de 10.000 emplois indirects. C’est beaucoup, surtout à un moment où la lutte contre le chômage est une priorité nationale.
Nous posons donc la question: pourquoi, d’un côté, associer l’État à un contrat-programme ambitieux, et qui a les moyens de ses ambitions, et, de l’autre, vouloir pénaliser les opérateurs? Ce n’est pas cohérent.
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Nous ne comprenons pas pourquoi certains députés s’opposent à cette mesure. Cela risque de rendre nos entreprises moins compétitives.
S’agissant du projet de taxation des produits contenant du sucre, s’il est adopté, tous les plans de développement du secteur agroalimentaire seront compromis et toutes les industries locales se retrouveront en grave difficulté. En outre, les efforts qui ont été déployés pour gagner en compétitivité et en innovation auront été vains aussi bien pour le marché local que pour le marché à l’export.
C’est d’autant plus incompréhensible quand on sait que les industries ne représentent que 20% de la consommation globale du sucre.
Que représentent les secteurs de la biscuiterie, de la chocolaterie et de la confiserie au Maroc?Nous parlons d’un écosystème qui regroupe plus de 70 entreprises et qui emploient à l’heure actuelle plus de 10.000 personnes. Il s’agit aussi d’une industrie qui investit beaucoup, plus de 600 millions de dirhams à fin 2018. Mais la situation que nous vivons aujourd’hui est difficile et toute mesure pénalisant le secteur de la biscuiterie chocolaterie et confiserie ne va faire qu’aggraver la situation.
La croissance des marchés est en baisse continue depuis 2015 et nos industries sont confrontées à des importations massives: 80% proviennent de pays avec lesquels le Maroc a signé des accords de libre-échange et ces pays appliquent toutes les formes de concurrence possibles. Fin 2018, la part de marché des produits importés au Maroc représentait plus de 25%. Ce constat est alarmant et porte fortement préjudice à l’industrie locale.
Que proposez-vous pour remédier à cette situation?Dans un premier temps, nous voulons que ce projet de taxation soit totalement abandonné. Nous souhaitons aussi que les mesures de défiscalisation des ingrédients entrants dans la composition des produits BCC soient accordées, et cela conformément à ce que propose M. le Ministre des Finances dans le PLF 2020. Ces mesures permettront de maintenir la compétitivité de l’industrie nationale face à la concurrence des pays avec lesquels le Maroc a signé des accords de libre-échange. Pour assurer la continuité du développement de nos industries, et relever les nouveaux défis auxquels elles sont confrontées, nous souhaitons aussi la mise en œuvre par l’État de mécanismes pouvant endiguer les importations massives. Il nous semble donc logique que des mesures antidumping s’appliquent pour protéger les opérateurs marocains.