Interdiction des sacs en plastique: le fiasco a favorisé l’informel

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Revue de presseKiosque360. L’interdiction de la production et de la commercialisation des sacs en plastique n’a pas été un succès. Si les unités structurées ont été fermées, l’informel a fleuri dans l’impunité la plus totale. Des efforts sont donc encore à faire pour atteindre l'objectif Zéro Mika.

Le 27/06/2018 à 23h41

C’est en grande pompe que la loi 77-15 interdisant la production et la commercialisation des sacs en plastique était entrée en vigueur, il y a deux ans. Dans le sillage de cette loi, les unités de fabrication de sacs en plastique ont été obligées de se transformer où de mettre la clé sous le paillasson.

Seulement, deux ans après cette interdiction des sacs en plastique, le bilan est un véritable fiasco. Ainsi, actuellement, rapporte L’Economiste qui, dans son édition du jeudi 28 juin, cite les résultats d’une enquête réalisée par l’Association Zéro Mika, «jusqu’à 15 sacs interdits sont utilisés pour chaque course».

Cette situation s’explique essentiellement par le fait que la population ne semble pas avoir été préparée à cette disparition des sacs en plastique. Ainsi, d’après l’enquête, «60% des commerçants interrogés déclarent que plus de 80% de la clientèle exige encore des sacs en plastique, et 65% des clients déclarent utiliser entre 5 et 15 sacs en plastique à chaque fois qu’ils font les courses». Pourtant, les citoyens sont conscients des effets néfastes des sacs en plastique, sachant que «près de 60% considèrent que ce type de sacs a un impact fort sur la santé et l’environnement».

Mais le coût des sacs alternatifs, les habitudes des clients et l’aspect non pratique des sacs alternatifs pour conserver certains produits humides (poissons, volaille, etc.) n'ont pas aidé à opérer la révolution Zéro Mika.Conséquence, le sac plastique est de plus en plus demandé par les clients. Seulement, entre-temps, les unités structurées qui produisaient des sacs en plastique avaient été fermés ou transformés.

Du coup, face à la demande, «la fermeture des unités de production structurées a finalement produit l’effet inverse, puisqu’elle a favorisé l’explosion d’ateliers informels qui opèrent en toute impunité, voire avec la complicité des douars, fermes, banlieues des grandes agglomérations», souligne le quotidien. Ainsi, le marché est de plus en plus inondé par des sacs en plastique dont la qualité laisse parfois à désirer.

Pour faire à cette situation, L’Association souhaite une application stricte de la loi 77-15, une multiplication et un renforcement des contrôles inopinés et des sanctions contre les producteurs de sacs en plastique. Elle préconise également le développement des sacs alternatifs et la mise à la disposition des clients de sacs adaptés aux produits humides. Enfin, elle préconise un effort de sensibilisation auprès des populations et des petits commerçants. Tout un programme. C’est dire que le mika a encore de beaux jours devant lui.

Par Karim Zeidane
Le 27/06/2018 à 23h41