Alors que les inondations deviennent plus fréquentes et destructrices sous l’effet du changement climatique, le Maroc apparaît parmi les pays africains dont la vulnérabilité reste préoccupante, selon le WorldRiskReport 2025, publié par l’Institut pour le droit international de la paix et les conflits armés (IFHV) de l’Université de la Ruhr à Bochum et l’ONG allemande Bündnis Entwicklung Hilft.
Si le WorldRiskIndex évalue tous types de risques naturels, l’édition 2025 met un accent particulier sur le risque inondation, avec ces trois typologies: inondations fluviales, pluviales et côtières.
Avec un score de risque global de 10,55, le Royaume se classe au 51ème rang mondial sur 193 pays et au 10ème à l’échelle africaine. Cette position reflète une exposition modérée aux inondations, mais met en lumière des fragilités, notamment en matière de capacités d’adaptation.
Le Maroc s’en sort mieux que d’autres pays africains
Comparé à ses voisins du continent, le Maroc reste relativement mieux loti que des pays comme le Mozambique (34,39), la Somalie (24,89) ou Madagascar (23,68), qui figurent parmi les plus exposés au monde. Il se situe toutefois dans la même catégorie de risque que l’Angola (10,83) et légèrement derrière le Cameroun (11,19).
À l’échelle nord-africaine, son score contraste avec ceux de l’Égypte (18,91) et de la Libye (15,69), où le risque est significativement plus élevé, révélant des disparités régionales marquées.
Globalement, le rapport relève que près de 80% du continent africain est classé en zone de risque élevé ou très élevé.
Les inondations représentent 44% des catastrophes naturelles
Au niveau mondial, le trio de tête du classement reste dominé par l’Asie, avec les Philippines (46,56), l’Inde (40,73) et l’Indonésie (39,80).
Les données relevés par le rapport sont frappantes: 1,6 milliard de personnes affectées par les inondations entre 2000 et 2019, 650 milliards de dollars de pertes économiques enregistrées sur la même période et les inondations représentent 44% de l’ensemble des catastrophes naturelles recensées.
Les facteurs humains aggravent la situation
Le Maroc n’est pas cité parmi les études de cas principales du rapport, mais les constats s’appliquent directement à sa réalité. Les inondations, qu’elles soient fluviales, pluviales ou côtières, sont aggravées par l’urbanisation rapide, la dégradation des sols et la raréfaction des zones naturelles d’infiltration.
«Les causes des catastrophes liées aux inondations ne résident pas seulement dans les processus naturels, mais aussi dans des facteurs anthropiques tels que l’urbanisation, le changement climatique et l’utilisation des sols», souligne le rapport.
Des leviers d’action à renforcer
Trois pistes majeures ressortent des recommandations. La première porte sur des solutions fondées sur la nature: restauration des forêts, zones humides et bassins versants, afin de réduire les risques tout en renforçant la biodiversité.
La deuxième piste concerne les technologies et données ouvertes: exploitation des données satellitaires, systèmes d’alerte précoce et outils de prévision, encore insuffisamment développés dans beaucoup de pays.
La troisième a trait à la gouvernance locale et savoirs traditionnels: implication des communautés et valorisation des pratiques ancestrales, comme l’illustrent les exemples du Bangladesh ou de l’Allemagne.
Vers une stratégie intégrée et anticipative
Pour les auteurs du rapport, la résilience passe par une approche «holistique, inclusive et localement pilotée». Ils plaident pour une coopération renforcée entre le Nord et le Sud et pour des investissements préventifs pour réduire les dépenses d’urgence.
Le Maroc dispose déjà de plusieurs atouts: une prise de conscience croissante des enjeux climatiques, des projets structurants en cours, et une expertise reconnue en gestion de l’eau. Mais le véritable défi reste de passer d’une logique de réaction à une logique d’anticipation.
À l’heure où le climat s’emballe, la capacité du Maroc à intégrer la résilience face au risque hydrique comme un pilier central de son développement territorial sera déterminante pour son avenir.








