De tous les chantiers ouverts par le ministère de l'Habitat depuis 2012, sous le mandat de Nabil Benabdallah, celui du logement pour la classe moyenne subventionné par l'État figure sans doute parmi ceux ayant connu le moins d'avancées. C’est le constat que fait Aujourd’hui Le Maroc, dans son édition du 31 mars. Et à juste titre…
Depuis l'introduction de ce dispositif dans le cadre de la loi de finances 2013, soit plus de 4 ans, tout juste 124 logements de ce type ont été effectivement livrés! Même quand on s'intéresse au volume d'unités actuellement dans le pipe, c'est-à-dire mises en chantier, la situation n'est pas plus encourageante: en effet, seules 1.807 unités sont aujourd'hui en cours de construction et s'ajouteront à terme à la production, selon les statistiques officielles du ministère de l'Habitat. Et encore, n'eût été l’aménageur public Al Omrane, appelé en renfort par le département de tutelle pour initier le mouvement sur le dispositif, on en serait aujourd'hui à tout juste à 188 logements en chantier et probablement aucune unité achevée.
Avec ses maigres chiffres, l'on ne s'étonnera pas de savoir que le dispositif pensé par les pouvoirs publics pour satisfaire les besoins des ménages à revenu intermédiaire est très loin de ses objectifs. En effet, en début de mandat, le ministre de l'Habitat avait estimé que, pour répondre correctement aux besoins de la classe moyenne, 20.000 logements dédiés à cette cible devaient arriver chaque année sur le marché. Depuis 2012, ce sont donc 100.000 unités qui étaient supposées être livrées. En comparaison avec les achèvements effectifs et même en rajoutant les logements en chantier, on en est à peine à 2% de l'objectif.
Bien sûr, il n'y a pas que le dispositif étatique qui est à même de répondre à la demande de la classe moyenne. La production de moyen standing réalisée par les promoteurs hors convention est susceptible de couvrir les besoins. Mais, en faisant le tour du marché dans les principales villes du royaume, on comprend rapidement que la production libre des opérateurs privés présentée comme moyen standing est très loin de correspondre aux attentes de la demande en matière de prix. Ainsi, en regardant les tarifs rapportés par les agences immobilières, les biens proposés sur le segment intermédiaire dépassent actuellement le million de dirhams, alors qu'une récente enquête du ministère de l'Habitat sur la demande de logement fait ressortir que seuls 4% des demandeurs sont disposés à dépasser cette enveloppe.