Dans le brouhaha des indicateurs macro-économiques et des sonnettes d’alarmes tirées ici et là par les économistes et les politiciens, sans parler des observateurs internationaux qui ont été alertés par le niveau historique du déficit national qui file comme une flèche vers les 10%, soit pratiquement son niveau dans les années 82-83 avec tout leur traumatisme, la vue est plutôt limitée.
Le fait que le ministère de l’Economie et des Finances ait eu le courage et surtout la responsabilité de dévoiler le pot aux roses et, une fois n’est pas coutume, de taper sur la table pour qu’enfin son discours soit audible et que tout le monde soit conscient du danger encouru est en soi louable. Le fait que des réponses concrètes, bien qu’impopulaires, aient été apportées est une mini-révolution qui devrait en rassurer plus d’un, y compris les ‘‘gendarmes’’ du FMI (Fonds Monétaire International) qui gardent l’œil sur les équilibres macro-économiques pour gérer la ‘‘facilité de caisse’’ (6,2 milliards de dollars) accordée en août 2012 à l’entreprise Maroc dans leurs comptes.
Le risque zéro n’existe pas pour un pays
Beaucoup se sont empressés de dire que la faillite n’est pas bien loin et ils ont raison, mais comme dans une entreprise, le risque zéro n’existe pas pour un pays, le tout est de pouvoir manœuvrer au fil des tournants et des virages. Et là on peut aujourd’hui dire que nous avons pu agir à temps pour ne pas tout perdre. ‘‘La notion de Maroc SA est biaisée car un pays a beaucoup plus de marge de manœuvre qu’une entreprise’’, tient à souligner un économiste. ‘‘L’entreprise, explique-t-il, n’a pas beaucoup de choix en termes de financement, contrairement à un pays qui peut aussi bien recourir à des financements internes ou externes et qui a plusieurs critères et garanties à faire jouer pour aller chercher les fonds là où il sont.’’ Mais là où les deux se rejoignent c’est dans le maintien des équilibres à travers notamment la réduction des coûts et le développement de nouvelles sources de revenu. Là, la règle est la même pour tout le monde. Mais comment faire dans le cas du Maroc SA ? C’est l’équation que tente de résoudre aujourd’hui le ministère de l’Economie et des finances et qui constitue un véritable tournant dans la gestion des finances publiques nationales. C’est la fin d’un cycle.