Le gouvernement a décidé de renforcer le dispositif de régulation du marché des viandes rouges. Un décret, signé par le ministre chargé du Budget, prévoit ainsi de doubler le quota d’importation des bovins domestiques, passant de 150.000 à 300.000 têtes d’ici la fin de l’année. «Cette décision survient dans un contexte de hausse persistante des prix, attribuée à la sécheresse et à l’augmentation des coûts de production», explique le quotidien L’Économiste dans son édition du mercredi 10 septembre.
Depuis trois ans, le secteur pâtit d’une double contrainte: un déficit fourrager qui a forcé certains éleveurs à réduire leurs troupeaux, et l’abattage partiel des femelles reproductrices, limitant les naissances et donc l’offre sur le marché. Pourtant, le Plan Maroc Vert avait permis au secteur de connaître de bonnes performances: en 2020, la production nationale atteignait 600.000 tonnes, soit 90% des objectifs fixés, avec une consommation moyenne de 17,2 kg par habitant et un chiffre d’affaires de 27 milliards de dirhams.
La capacité de production locale reste cependant fortement exposée aux aléas climatiques. La loi de finances 2025 avait déjà prévu la suspension du droit d’importation et de la TVA pour un quota de 150.000 têtes. Mais, au 12 août, 99% de ce contingent avait été utilisé, jugé insuffisant par les autorités, d’où la révision à 300.000 têtes. L’objectif affiché est double: stabiliser l’approvisionnement et contribuer à la reconstitution du cheptel national. Mais la question demeure: cette nouvelle mesure pourra-t-elle réellement calmer la flambée des prix pour les ménages marocains?
Parallèlement, écrit L’Économiste, la dernière opération de recensement du cheptel, supervisée par le ministère de l’Intérieur, a permis de constituer une base de données précise. Si les effectifs globaux semblent en hausse, le nombre de bovins et de camelins reste inférieur de 30% aux moyennes habituelles, en raison des restrictions liées à la pandémie et de l’arrêt de l’irrigation dans certaines zones laitières. Le nombre de vaches laitières reprend toutefois progressivement, atteignant 750.000 têtes.
Les instructions royales insistent sur une reconstitution durable du cheptel. À cet effet, près de 11 milliards de dirhams ont été mobilisés pour soutenir les éleveurs, incluant l’achat d’aliments, la préservation des femelles reproductrices, l’allégement de l’endettement et des campagnes de vaccination et d’encadrement technique. L’aide sera calculée en fonction du nombre de têtes recensées et identifiées par des boucles numérotées.
Au total, le cheptel national dépasse 32,8 millions de têtes: plus de 23,1 millions d’ovins, 7,47 millions de caprins et 106.044 camelins. Si ces chiffres montrent un effort réel, ils mettent aussi en évidence la fragilité du secteur face aux sécheresses successives et aux crises sanitaires. Dans ce contexte, l’annulation prochaine des droits de douane et de la TVA sur certaines importations pourrait apparaître plus comme un palliatif que comme une solution structurelle à long terme.








