Comme expliqué dans un précédent article, en réactivant une loi espagnole remontant à 1992, les autorités espagnoles multiplient ces dernières semaines les contrôles aux frontières avec le Maroc, en imposant aux transporteurs routiers marocains de ne pas excéder 200 litres de gasoil dans le réservoir de leur véhicule.
«L’application de cette loi risque de pénaliser une grande partie de nos exportations à destination de l’Union européenne, qui utilisent le transport terrestre», prévient l’Association marocaine des exportateurs (Asmex) dans une lettre adressée aux ministres de l’Equipement et du transport, Abdelkader Amara, et à son collègue au gouvernement, le ministre de l’Industrie et du commerce, Moulay Hafid Elalamy.
«Nous vous prions, Monsieur le ministre, d’intervenir auprès des autorités espagnoles pour arrêter cette loi et préserver la compétitivité de nos exportations», peut-on lire dans la correspondance de l’Asmex.
Nous avons bien reçu la lettre de l’Asmex et étudions le sujet pour trouver la façon de le traiter, nous confie un haut responsable au ministère de l’Industrie et du commerce.
«Dès les premières sanctions infligées aux transporteurs marocains, cela fait deux ans, nous avons écrit aux autorités espagnoles et françaises», soutient pour sa part Noureddine Dib, directeur du transport terrestre et de la logistique au ministère de l’Equipement et du transport.
Ce dernier tient à préciser que l’application de cette mesure ne se limite pas au territoire espagnol et qu’il s’agit, à la base, d’une directive européenne, traduite ensuite en réglementations nationales.
Selon Dib, la solution à ce problème passe par la voie diplomatique en négociant un nouvel accord multilatéral avec l’UE. A défaut d’un nouvel accord mentionnant la suppression de cette mesure, le responsable du ministère du Transport recommande aux exportateurs marocains d’optimiser la chaîne logistique en réduisant au maximum le nombre de kilomètres à parcourir sur le sol européen. Pour cela, il va falloir d’abord briser le «monopole» du port d’Algésiras en ouvrant de nouvelles liaisons maritimes directes reliant le Maroc à d’autres ports européens.
«Durant plus de 20 ans, cette mesure n’a été appliquée qu’à de très rares occasions, à chaque fois que la tension montait d’un cran entre les deux pays», a expliqué Rachid Tahiri, vice-président de la Fédération de transport et de la logistique, affiliée à la CGEM.
Pour bon nombre d’opérateurs marocains, la réactivation de ce dispositif est perçue comme un acte de représailles à l’encontre du Maroc, après les mesures anti-contrebande installées à Bab Sebta et à Melilla.
Pour le président de l’AMTRI, Driss Bernoussi, il ne fait aucun doute que l’objectif derrière ces manœuvres est de nuire à la compétitivité des entreprises de transport marocaines et donc de favoriser les opérateurs espagnols qui, eux, ne sont pas soumis à la même «franchise carburant» quand ils débarquent aux ports marocains.