Fouad Brini, l’architecte discret de la montée en puissance de Tanger Med

Fouad Brini, Président du Conseil de Surveillance de Tanger Med

Fouad Brini . dr

Revue de presseÀ la tête de l’Agence spéciale Tanger Méditerranée depuis 2014, Fouad Brini a façonné l’essor spectaculaire du port Tanger Med tout en restant en retrait de la lumière. Issu du secteur privé, enraciné dans le nord du Maroc et animé par une approche très opérationnelle, il s’est imposé comme l’un des artisans clés de la transformation économique du royaume. Cet article est une revue de presse tirée de Jeune Afrique.

Le 08/12/2025 à 20h29

Fouad Brini s’apprête à entamer sa douzième année à la tête de l’Agence spéciale Tanger Méditerranée, l’entité publique marocaine qui supervise l’ensemble des activités portuaires, industrielles et logistiques du complexe Tanger Med. «Sous sa direction, le port s’est imposé comme un acteur incontournable», écrit le magazine Jeune Afrique dans un portrait dédié: premier en Afrique et en Méditerranée, il occupe désormais la 17ᵉ place mondiale et aligne, en 2024, des résultats impressionnants, avec 187 millions de tonnes de marchandises traitées, plus de 11 millions d’EVP et un chiffre d’affaires dépassant les 11 milliards de dirhams. Autour du port, les zones d’activité génèrent un volume d’affaires colossal, estimé à 174 milliards de dirhams, et emploient quelque 130.000 personnes, contribuant fortement à l’essor de la ville de Tanger, aujourd’hui classée parmi les plus attractives du continent.

Nommé par le roi Mohammed VI en 2014 à la présidence du conseil de surveillance de TMSA, Brini poursuit depuis lors un même objectif: consolider le dynamisme de Tanger et confirmer le rôle stratégique du Maroc comme plateforme du commerce régional. Pourtant, cet homme discret rechigne à se mettre en avant. Selon ses proches, il préfère que l’on parle des réalisations de Tanger Med plutôt que de son propre parcours, qu’il considère secondaire face à l’ampleur du projet collectif.

Issu du secteur privé, il a suivi une trajectoire très différente de celle de son prédécesseur Mohamed Hassad, homme de l’administration. Diplômé de l’École des sciences de l’ingénieur et de l’Institut de l’Administration des Entreprises de Montpellier, il débute sa carrière en France, chez Control Data puis IBM, avant d’être recruté par le groupe Bull. Ce passage en entreprise lui permet de piloter de grands projets informatiques, y compris pour l’administration marocaine, et de consolider une expertise qui nourrira la suite de son parcours.

«Très vite, Brini ressent le besoin de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale», note Jeune Afrique. En 1992, il fonde sa première société dans les télécommunications et l’informatique, puis rejoint Intelcom, dont il accompagne l’expansion en Afrique et au Moyen-Orient aux côtés de la multinationale Satec. Cette fibre d’entrepreneur demeure un trait marquant de son identité professionnelle.

Originaire de Tétouan, il est resté profondément attaché au nord du Maroc. Dès 1994, il tente d’encourager le développement de sa région à travers l’association Mountada Chamal, une initiative portée par des membres de l’élite locale. Même si ce projet associatif ne rencontre pas le succès escompté, sa volonté d’agir pour une région longtemps marginalisée ne faiblit pas. En 2006, Mohammed VI lui confie la direction de l’Agence pour la promotion et le développement du Nord, chargée de désenclaver un territoire durement touché, notamment après le séisme d’Al Hoceima.

Polyglotte, maîtrisant le berbère, l’arabe, le français, l’espagnol et l’anglais, Brini a parfois été pressenti pour entrer au gouvernement. En 2018, son nom figure même parmi les candidats possibles pour diriger le ministère délégué chargé de la Coopération africaine. Le poste sera finalement attribué à Mohcine Jazouli, mais cette perspective témoigne du poids politique et stratégique qu’il a acquis.

Son rôle a été particulièrement déterminant dans la relance du projet Tanger Tech. Annoncée en 2016 comme une future ville industrielle géante, la cité Mohammed VI Tanger Tech s’était enlisée après le retrait de son premier partenaire chinois. Lorsque le projet est repris par China Communications Construction Company, il est confié à Tanger Med. L’expertise de Brini et de ses équipes permet alors de remettre l’ensemble sur pied et d’attirer les premiers investisseurs, redonnant au projet la crédibilité qu’il avait perdue.

Tout au long de sa carrière, il a également défendu un engagement économique et associatif constant. Il participe ainsi à la fondation de l’organisation «Le Maroc compétitif» en 1996, puis contribue aux premières stratégies nationales liées aux technologies de l’information. En 1998, il prend la tête de l’Apebi, la fédération marocaine des entreprises du numérique.

«Dans son travail quotidien, Brini privilégie une approche très opérationnelle», lit-on dans Jeune Afrique. Ses collaborateurs décrivent un dirigeant qui connaît dans le détail les activités dont il a la responsabilité, jusqu’au coût d’un tronçon de trottoir dans une zone industrielle ou le nombre de conteneurs quittant le port. Cette rigueur s’accompagne d’une préférence marquée pour les profils issus du privé, qu’il juge plus proches des attentes des investisseurs et mieux armés pour faciliter les projets.

Ainsi se dessine la figure d’un patron discret mais déterminé, attaché à sa région, soucieux d’efficacité et profondément marqué par son passage dans le privé. Tanger Med s’est imposé comme l’un des moteurs du développement économique du royaume, un symbole du potentiel industriel marocain et un projet dont il préfère que l’on retienne l’œuvre collective plutôt que le visage de celui qui la pilote.

Par La Rédaction
Le 08/12/2025 à 20h29