Fonction publique: entre départs à la retraite massifs et retards des pensions

Revue de presseChaque année, plusieurs milliers de fonctionnaires marocains partent à la retraite, mais la gestion de leurs pensions reste un casse-tête administratif. Entre retards de versement et démarches complexes, le système révèle ses limites malgré un régime plus avantageux que dans le privé. Cet article, est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Éco.

Le 20/07/2025 à 18h50

En 2025, près de 15.000 fonctionnaires devraient faire valoir leur droit au départ, un chiffre stable par rapport aux 15.754 de 2024.

Mais, derrière ces chiffres, se cache une réalité plus complexe, relève le quotidien Les Inspirations Éco.

Le système de gestion des pensions peine à suivre le rythme du vieillissement de ses effectifs.

Selon les projections du ministère des Finances, le régime des pensions civiles de l’État (géré par la Caisse Marocaine des Retraites -CMR) devrait enregistrer 65.213 départs supplémentaires d’ici 2028, soit environ 13% de l’effectif total.

Un phénomène prévisible puisque la pyramide des âges des fonctionnaires est largement dominée par les plus de 50 ans.

Mais, partir à la retraite dans l’administration ne rime pas toujours avec percevoir immédiatement sa pension, écrit-on.

Contrairement aux salariés du privé affiliés à la CNSS, qui reçoivent en moyenne leur pension deux mois après leur départ, les ex-fonctionnaires doivent souvent patienter de longs mois.

Le délai dépend fortement du ministère d’origine et de sa capacité à finaliser à temps les dossiers de liquidation, indique Les Inspirations Éco.

Cette lenteur administrative n’est pas nouvelle. Dans les années 1990 déjà, de jeunes recrues devaient parfois attendre plusieurs mois avant de percevoir leur premier salaire, versé rétroactivement.

Aujourd’hui encore, le manque d’anticipation, le volume important des dossiers et la complexité de certaines carrières compliquent les choses.

C’est le cas notamment des fonctionnaires ayant effectué des détachements dans des organisations internationales ou des passages dans le secteur privé : chaque période doit être validée, rallongeant les délais.

En moyenne, un fonctionnaire civil perçoit 8.374 dirhams nets par mois à la retraite, soit près de quatre fois plus qu’un retraité du secteur privé dont la pension CNSS reste souvent modeste, écrit-on encore.

Le régime couvre une large palette de corps: fonctionnaires soumis au statut général de la Fonction publique, magistrats (y compris ceux de la Cour des comptes), administrateurs et adjoints du ministère de l’Intérieur, agents des collectivités territoriales, personnel de certains établissements publics exclus du RCAR (Régime Collectif d’Allocation de Retraite) et sans régime spécifique.

Autre point de vigilance, les fonctionnaires souhaitant faire valider des services antérieurs (stages, périodes de détachement, missions internationales) doivent impérativement déposer une demande auprès de la CMR par l’intermédiaire de leur employeur, accompagnée des justificatifs nécessaires.

La validation n’est pas gratuite: elle entraîne une retenue de 4 % sur les rémunérations servant d’assiette de cotisation pour chaque année à valider.

L’employeur, quant à lui, contribue à hauteur de 14 %. Si la demande est déposée avant la retraite, ces périodes sont intégrées dans le calcul de la pension dès la radiation des cadre ; sinon, elles ne sont prises en compte qu’à partir du mois suivant la demande.

Pour les fonctionnaires en détachement, explique Les Inspirations Éco, la situation peut se compliquer davantage.

Pendant cette période, la retenue pour pension est calculée sur la base de la situation administrative d’origine.

Mais, c’est à l’organisme d’accueil de s’acquitter des cotisations auprès de la CMR.

Si ce versement n’est pas effectué, l’agent détaché peut être amené à régulariser lui-même l’intégralité des sommes dues, ce qui peut représenter un coût non négligeable, notamment pour ceux qui travaillent au sein d’organismes internationaux.

En clair, malgré un régime plus généreux, la retraite dans la fonction publique reste un chantier complexe, qui requiert une bonne anticipation administrative, pour éviter retards, et mauvaises surprises.

Par La Rédaction
Le 20/07/2025 à 18h50