Après avoir abaissé la note souveraine du Maroc en octobre dernier, l’agence de notation new-yorkaise Fitch ratings a confirmé, ce mercredi 5 mai, la notation BB+ du Maroc, avec perspectives stables.
Pour l’agence de notation, cette note reflète la cadre macroéconomique stable du Maroc, marqué par une inflation maîtrisée, une part modérée de la dette en devises, et des réserves de change à des niveaux confortables.
L’agence estime en effet que le Maroc fait preuve de résilience en matière de position extérieure. Les réserves de change du Royaume devraient ainsi continuer à progresser en 2021 et 2022, après avoir atteint 32,2 milliards de dollars à la fin de 2020 contre 25,3 milliards de dollars en 2019.
Lire aussi : Moody’s confirme la notation BA1 du Maroc, avec une perspective jugée "négative"
«Nous prévoyons que les réserves de change couvriront 7,5 mois d’importations de biens et services en moyenne en 2021-2022, supérieur à la médiane des pays noté «BB» qui est de 5,4 mois», souligne l’agence, qui n’exclut pas, par ailleurs, que le gouvernement sollicite une nouvelle ligne de précaution et de liquidité (LPL) auprès du FMI, ce qui offrirait un filet de sécurité supplémentaire en cas de tensions externes.
Pour rappel, le Maroc a eu recours en avril 2020, à la LPL du FMI pour un montant de 3 milliards de dollars. Une partie de ce montant (1 milliard de dollars) a d’ores et déjà été remboursée par le Maroc, eu égard à la situation confortable de ses réserves de change.
Les transferts des MRE continueront également à soutenir les réserves en devises du Royaume. Après la hausse de 5% enregistrée en 2020, les envoies de fonds de la diaspora continueront leur tendance haussière en 2021 et 2022, contribuant ainsi à améliorer les indicateurs externes du Maroc.
Pour ce qui est de la dette en devises du Trésor, Fitch considère qu’elle reste modérée. La dette extérieure nette devrait ainsi se limiter à 19,5% du PIB en 2022, contre 16,7% en 2020, soit des niveaux inférieurs aux pays ayant une notation similaire.
Déficit budgétaire et dette du Trésor à surveillerCes atouts sont néanmoins contrebalancés par les niveaux élevés du déficit budgétaire et de la dette du Trésor, qui se sont dégradés à cause des effets de la pandémie du coronavirus.
Lire aussi : Dégradation de la notation de la dette marocaine: Abdellatif Jouahri s’en prend à l’agence Fitch
Le retour à des niveaux normatifs de ces deux indicateurs devrait se faire lentement, estime l’agence, à cause, notamment, des dépenses programmées dans le cadre de la généralisation de la couverture sociale, et des recettes fiscales qui ne retrouvent pas encore leur niveau d’avant-crise. Le déficit budgétaire devrait ainsi passé, selon Fitch, de 7,7% du PIB en 2020 à 7,1% en 2021 et 5,8% en 2022.
Dans le même temps, la dette du Trésor continuera à se creuser, passant de 66,8% du PIB en 2020, à 68,8% en 2021 et 70,5% en 2022 (contre 59% du PIB pour les pays ayant la même note que le Maroc). «La dette du Trésor ne devrait se stabiliser qu’à partir de 2023», souligne l’agence.
A noter enfin que Fitch s’attend à taux de croissance de l’économie marocaine de 4,8% du PIB en 2021, après une contraction de 7,1% en 2020. «Le lancement d'un fonds d'investissement stratégique en coopération avec le secteur privé, prévu pour 2021, soutiendra la reprise économique», écrit l’agence, en référence au Fonds Mohammed VI pour l’investissement, qui sera doté de 45 milliards de dirhams.